Les pharmaciens transalpins ont remporté le bras de fer qui les opposait au chef du gouvernement italien et à aux mesures de libéralisation ouvrant les officines à la concurrence.
Cette mesure du plan de rigueur de 24 milliards d’euros, destiné à éviter la faillite de l’Italie, était l’une des plus contestées dans le pays. La remise en cause du monopole sur la vente des médicaments de prescription avait provoqué la colère de la profession qui menaçait de se mettre en grève. Depuis la mise en concurrence en 2006, les officines estiment avoir perdu de nombreuses parts de marché. Dans le contexte de crise actuelle, cette nouvelle étape de dérégulation était considérée comme un coup de poignard dans le dos. Mario Monti a finalement reculé devant la pression. Le premier ministre, ancien commissaire européen à la Concurrence vient en effet de revoir le dispositif autorisant la vente de médicaments non remboursables dans les parapharmacies et les grandes surfaces. Celles-ci continueront de commercialiser les seuls médicaments vendus sans ordonnance. Par ailleurs, le gouvernement a annoncé que les pharmacies garderaient le monopole sur certains produits, dont la liste sera publiée dans les trois prochains mois par l’agence italienne du médicament (AIFA) et le ministère de la Santé, puis régulièrement réactualisée.
Satisfaite de cette décision, la Federfarma, fédération nationale des titulaires d’officines qui représente quelque 18 000 pharmacies dans le pays a annulé la journée « pharmacies mortes » qu’elle prévoyait d’organiser. « La décision du gouvernement garantit finalement le droit à la santé des Italiens dans la mesure où les médicaments avec ordonnance ne pourront pas être vendus en dehors du circuit traditionnel géré par des professionnels » a estimé la fédération.
Du côté des parapharmacies, l’amertume est grande. Pour Giuseppe Scioscia, président du Forum italien des parapharmacies, « Mario Monti qui a fait plier Bill Gates lorsqu’il était commissaire européen à la Concurrence n’a pas fait le poids face à la corporation des pharmaciens ». « Nous nous battrons, car la croissance et la création de nouveaux emplois passent par l’ouverture des marchés » a-t-il déclaré.
Amandine Ceccaldi