L’hépatoxicité du paracétamol étroitement associée à la répétition des surdosages et au délai de prise en charge

Le surdosage de paracétamol est une cause importante d’hépatite aiguë en Europe. Sa prise en charge est basée sur le nomogramme de Prescott intégrant la quantité totale ingérée et le délai de prise en charge. Un traitement antidotal par la N-acétylcystéine est instauré dans le cas d’un surdosage isolé et récent. Le nomogramme est en revanche peu adapté aux surdosages répétés et pris en charge tardivement (au-delà de 24h).

Une étude rétrospective de cohorte menée en Ecosse entre 1992 et 2008 sur plus de 600 patients s’est penchée sur le devenir clinique de patients admis pour surdosage de paracétamol, en distinguant d’une part ceux admis pour un surdosage isolé (> 4 g en une prise) et d’autre part ceux admis pour des surdosages répétés (> 4g sur au moins 2 prises en 24 h ; 25 % des patients). Le délai de prise en charge est également analysé.

Cette étude fait apparaître qu’un surdosage isolé est de meilleur pronostic que des surdosages répétés, même pour une quantité totale ingérée de paracétamol supérieure. Une prise en charge tardive conduit à une baisse de l’efficacité du traitement antidotal, avec un besoin de recourir à une greffe hépatique plus fréquent et une hausse de la mortalité. Les effets délétères de surdosages répétés peuvent être expliqués par l’allongement du délai de prise en charge et donc de mise en place du traitement antidotal. Le retard à la mise en place de ce traitement est un critère prédictif du risque d’encéphalopathie hépatique.

Les auteurs recommandent que tous les patients admis pour hépatite aiguë sévère associée à un surdosage de paracétamol soient immédiatement traités avec l’antidote, avant même de connaître la concentration sérique en paracétamol. Ils doivent ensuite être étroitement surveillés en raison d’un risque accru de développer des atteintes tardives graves (encéphalopathie, insuffisance rénale, insuffisance respiratoire).

Les surdosages répétés ont souvent été observés chez des patients cumulant d’autres facteurs de risque hépatique (alcoolisme chronique, âge avancé). Le cas des malades âgés prenant un traitement continu de paracétamol doit faire l’objet d’une attention toute particulière. Il est essentiel de prévenir chez ces patients les risques d’erreurs de posologie dans leur traitement habituel et surtout lors de prescriptions occasionnelles d’autres spécialités contenant du paracétamol.

Dr Estelle Deniaud Boüet

Référence
Craig DGN et coll. : Staggered overdose pattern and delay to hospital presentation are associated with adverse outcomes following paracetamol-induced hepatotoxicity. Brit Jof Clin Pharmacol., 2011 ; 73 : 285-294.

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