Paris, le jeudi 16 février 2012 – L’heure (électorale) est propice aux propositions en tous genres et émanant de toute part. L’organisation des soins est à cet égard une source d’inspiration quasiment infinie pour les observateurs et experts de toute sorte. C’est dans cette lignée que s’inscrivent les douze propositions formulées cette semaine par le Think Tank Economie Santé. Malgré un constat sévère, le docteur Philippe Leduc fondateur du forum « Economie et Santé » du journal Les Echos a recensé plusieurs éléments encourageants dans les décisions adoptées ces dernières années. Pour Philippe Leduc, le système de santé français souffre notamment d’un manque total de coordination entre les professionnels et d’un retard abyssal concernant la numérisation des données de santé. Autant d’écueils qui nuisent à l’amélioration de la qualité et de l’efficience des soins. Cependant, selon l’analyse de Philippe Leduc, les mesures prises ou tout au moins esquissées ces dernières années témoignent d’une dynamique prometteuse. Plusieurs de ces évolutions encourageantes citées par cet « expert » concernent d’ailleurs les pharmaciens. Il estime ainsi que « la promotion de la coopération interprofessionnelle, la définition des missions du médecin de premier recours et du pharmacien d’officine dans la loi HPST » font partie de mesures qui contribuent à mieux reconnaître « la valeur ajoutée de chaque professionnel ».
Simplification des tâches administratives : une urgence
Néanmoins, à ses yeux, d’importants efforts restent à réaliser pour que cette dynamique porte les fruits d’un véritable changement. Aussi, le « Think Tank Economie Santé » formule-t-il douze propositions (baptisées « actions »). Certaines n’échappent pas à la déclaration d’intention : « définir une vision globale du système de soins », « promouvoir un important plan de formation initiale et surtout continue », « assurer la transparence de l’information sur les fournisseurs de soins », « développer les techniques de gestion du changement », « promouvoir la qualité », « renforcer les capacités d’intervention des agences régionales de santé » ou encore « impliquer davantage le législateur ». Cependant, d’autres sont inspirées par un souffle plus novateur. Le docteur Leduc estime notamment que l’accent doit être mis sur la limitation à l’extrême des tâches administratives pour tous les professionnels. Pour les médecins généralistes, il suggère ainsi que pourraient leur être alloués les services d’un professionnel « qui remplirait tout ou partie de ces fonctions ». Il ajoute par ailleurs que « tous les professionnels sont concernés » par ce sujet et se félicite de voir que le « mouvement est engagé, notamment pour les pharmaciens ».
Plus de professions paramédicales et médicales ?
Le Think Tank Economie Santé propose également de « moderniser le statut des professionnels de santé ». Ce qui est en jeu c’est la fin de la distinction entre disciplines médicales et paramédicales. Pour mettre fin à cette « atomisation » du monde de la santé, le docteur Leduc suggère la création d’un statut de « professionnel médical » pour tous, mais n’ignore pas que ce « projet n’est pas partagé par tous ». Il insiste en outre sur la nécessité « d’adapter la rémunération des professionnels aux objectifs du système » et voit dans la future création d’honoraires spécifiques pour les pharmaciens une initiative à poursuivre. Enfin, dernier domaine où aux yeux de Philippe Leduc les pharmaciens pourraient avoir montré la voie : la numérisation des données de santé. Il remarque en effet que « le dossier médical personnel (DMP) marque le pas car les médecins n’y voient guère d’intérêt (« c’est le dossier du patient, le médecin a le sien ») alors que le dossier pharmaceutique développé par les pharmaciens eux-mêmes est un succès ».
Aurélie Haroche