Paris, le jeudi 23 février 2012 – C’est une loi à la portée historique qui a été adoptée en janvier 2010. Dans ce texte relatif à l’indemnisation des victimes des essais nucléaires : la France reconnaissait enfin que certains des hommes ayant servi sous ses drapeaux au Sahara et en Polynésie alors qu’était testée la force de frappe nucléaire française aient pu être exposés à des rayonnements ionisants dommageables pour leur santé. Au-delà de cette dimension symbolique, cette loi était considérée comme la promesse d’un véritable dédommagement financier là où les procédures judiciaires avaient épuisé en vain plus d’une famille d’anciens militaires.
Formalités administratives absurdes, critères restrictifs
Mais avec la mise en place du dispositif, de nombreuses familles ont cependant déchanté. La lenteur et la sévérité du Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (CIVEN) ont été vite dénoncées. Entre janvier 2010 et aujourd’hui, sur les 684 dossiers reçus, seuls quatre ont pour l’heure donné lieu à une réparation. Cette très faible proportion s’explique tout d’abord par des formalités administratives souvent ubuesques : il a ainsi pu être demandé aux militaires ou à leurs ayant droit de produire des attestations de Sécurité sociale ou de carte vitale… documents inexistant en Polynésie. Mais, le très faible nombre d’indemnisation s’explique également par des critères jugés trop stricts : concernant d’une part les périmètres considérés comme zones dangereuses et d’autre par la liste des maladies reconnues comme potentiellement liées à l’exposition aux essais nucléaires.
Rigueur et justice
Rencontrant des représentants des victimes en juillet dernier et entendant leurs critiques, le Président de la République s’était prononcé en faveur d’un assouplissement du dispositif. Son souhait a été entendu six mois plus tard. Hier, à l’issue d’une réunion du Comité d’indemnisation, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a en effet dévoilé la teneur d’un nouveau décret qui doit permettre une plus simple et plus juste indemnisation. Le périmètre géographique concerné va ainsi tout d’abord être élargi « dans un esprit de rigueur et de justice ». Par ailleurs, la liste des maladies radio-induites va être complétée. Enfin, les démarches administratives seront « simplifiées et toutes les demandes d’indemnisation y compris celles qui ont fait l’objet d’un rejet par le CIVEN, vont être réexaminées, sans que les demandeurs n’aient besoin de déposer un nouveau dossier », a souligné le ministère de la Défense.
Il a également indiqué qu’une médaille commémorative serait créée pour satisfaire « le besoin de reconnaissance légitime exprimé par les vétérans qui ont œuvré à la construction de l’outil de dissuasion ».
Aurélie Haroche