Les bioprothèses péricardiques insérées en position aortique sont réputées avoir un meilleur profil hémodynamique que les bioprothèses porcines. Cependant, on ne dispose pratiquement pas de données cliniques comparatives pour ces deux types de valves, notamment sur leur longévité.
La plupart des bioprothèses étant utilisées habituellement chez des patients âgés, Said et coll. ont évalué, dans une étude rétrospective, le devenir clinique de 2 979 patients âgés de 65 ans et plus qui avaient bénéficié à la Mayo Clinic (Cleveland) d’un remplacement valvulaire aortique par bioprothèse péricardique (n =1 976) ou porcine (n= 1 003) entre janvier 1993 et décembre 2007. Les bioprothèses péricardiques les plus communément utilisées étaient celles de Carpentier-Edwards Perimount et Mitroflow ; les valves porcines les plus utilisées étaient la Medtronic Mosaïque, la Carpentier-Edward, la Hancock à orifice modifié et la St. Jude Biocor.
Avec un suivi moyen de 5,2+/-3,5 ans qui a pu se prolonger sur un maximum de 16 ans, la survie à 5, 10 et 12 ans était globalement de 68 %, 33 % et 21 % respectivement ; elle était de 68 %, 30 % et 16 % pour les patients ayant une bioprothèse péricardique et de 69 %, 38 % et 27 % pour ceux qui avaient une bioprothèse porcine.
En analyse multivariée, il est apparu que la survie à long terme était réduite chez les patients qui avaient un diabète, une insuffisance cardiaque ou rénale, des antécédents d’infarctus du myocarde antérieur, un âge plus avancé ; mais la survie n'était pas plus importante dans le groupe des patients porteurs d’une valve péricardique.
Globalement, le pourcentage de patients qui n’ont pas eu à être réopérés a été respectivement de 96 %, 92 % et 90 % à 5, 10 et 12 ans. Pendant la même période, le pourcentage de patients qui n’ont pas eu à subir un remplacement de la bioprothèse implantée était de 98 %, 96 % et 94 %, la raison de l'explantation étant une détérioration de la structure de la valve chez 50 patients soit 2 %.
En conclusion, malgré le fait que des études antérieures aient pu souligner les meilleures performances hémodynamiques des bioprothèses péricardiques, ce type de valve ne confère aucun avantage en termes de survie par rapport aux valves porcines chez les patients de 65 ans ou plus qui ont bénéficié d’un remplacement valvulaire aortique.
Dr Robert Haïat