
Le « coup de chaleur » est caractérisé par une élévation de la température corporelle supérieure à 40 °C pouvant se compliquer de rhabdomyolyse et d’insuffisance rénale aiguë. La mortalité de cette affection peut être élevée, comme pendant la vague de chaleur de 2003 en France. Le refroidissement est bien sûr la priorité du traitement. Il peut être obtenu soit par voie externe cutanée (application de glace au niveau des axes vasculaires ou ventilation d’air sec sur la plus grande surface possible de peau mouillée), ou par refroidissement interne, dit central (par perfusions de solutés froids ou par hémofiltration).
Une équipe chinoise a voulu évaluer l’effet de l’hémofiltration veino-veineuse continue (CVVH) en plus des mesures classiques de traitement. En effet, cette dernière technique permettrait, en plus de son effet purement thermique, d’ôter du sang les substances circulantes pro-inflammatoires impliquées dans la pathogénie.
Un groupe de 16 patients (1 femme), âgés de 17 à 28 ans et atteints d'un coup de chaleur, ont été étudiés rétrospectivement, entre mai 2005 et octobre 2010. Le mécanisme à l’origine de l’hyperthermie était un exercice physique intense avec température ambiante et hygrométrie élevées. Tous ont été traités par CVVH pendant au moins 96 heures. Cette technique a été commencée avec un soluté de remplacement à une température comprise entre 25 °C et 30 °C pendant 2 heures, puis à 36 °C pendant la suite de la procédure. Au long de ce traitement, les signes vitaux ont été surveillés et ainsi que le bilan biologique.
Tous les patients ont survécu. La température centrale est passé de 41,3 °C (+/-0,2) à 38,7 °C (+/- 0,1) au bout de 2 heures, puis à 36,7 °C (+/- 0,1) après 5 heures (p < 0,05). Les investigateurs ont parallèlement relevé une amélioration de la pression artérielle moyenne, de la fréquence cardiaque et de l'oxygénation (p < 0,05). Les taux de créatinine, d'urée, des CPK et de la myoglobine ont diminué significativement (p < 0,05), tandis que la bilirubinémie est restée stable. Le score de gravité APACHE II et la lactatémie artérielle ont également baissé (p < 0,05). Aucun effet adverse lié à l’utilisation de la CVVH n’a été observé.
Pour les auteurs, l’hémofiltration veino-veineuse continue apparaît réalisable et sûre dans le traitement du coup de chaleur d’effort chez des patients jeunes et sans comorbidité associée. Il reste à évaluer plus largement l’efficacité et la faisabilité de cette technique dans le coup de chaleur classique, touchant des populations plus fragiles lors des canicules.
Docteur Béatrice Jourdain