De l’inégalité des chances en cas de carcinome hépatocellulaire

L'augmentation concomitante de l'incidence du carcinome hépatocellulaire (CHC) ainsi que de celle de la stéato-hépatite non alcoolique (NASH), suggère qu'une proportion substantielle de CHC est le résultat des atteintes hépatocellulaires consécutives à la NASH.

Le but de cette étude était d'évaluer la sévérité de la dysfonction hépatocellulaire au moment du diagnostic, ainsi que la survie à long terme selon que le CHC survient dans un contexte de NASH ou complique une hépatite chronique d'origine virale C (VHC) et/ou alcoolique (MAF, Maladie Alcoolique du Foie).

Elle s’est appuyée sur les données démographiques, cliniques, histologiques et évolutives  de patients (n = 303) ayant bénéficié dans un même centre, entre 2000 et 2010, d'une prise en charge curative (transplantation hépatique, hépatectomie, traitement par radiofréquence) d'un CHC ; parmi eux 52 (17,2 %) avaient une NASH et 162 (53,5 %) une VHC et/ou MAF.

Au moment du diagnostic du CHC, les patients NASH, plus souvent des femmes (48,1 % versus 16,7%), étaient plus âgés (âge médian 65 contre 58 ans), plus fréquemment atteints d’un syndrome métabolique (45,1 % versus 14,8 %), et avait un score MELD (Model for End-stage Liver Disease) plus bas (médiane 9 versus 10), toutes ces différences étant statistiquement significatives au seuil de 5 %.

Pour ces patients «  NASH » la probabilité d'avoir une fibrose en pont ou une cirrhose (73,1 % versus 93,8 %; P < 0,001) était plus faible.

Le suivi après traitement curatif est en médiane de 53 mois, la cause la plus fréquente de décès étant la défaillance hépatique.

Bien qu'il n'y ait pas de différence en termes de survie sans récidive après le traitement curatif du CHC (médiane, 60 versus 56 mois; P = 0,303), les patients du groupe NASH ont eu une survie globale plus longue que ceux des autres groupes (médiane non atteinte versus 52 mois; P = 0,009), indépendamment de tout autre facteur clinique ou histologique, ainsi que du type de traitement curatif.

Cette étude suggère donc une inégalité des chances en cas de CHC, puisque lorsque ce dernier survient dans un contexte de NASH, la dysfonction hépatique est moins prononcée au moment du diagnostic et que la survie globale après traitement curatif est plus longue que lorsque le CHC complique une VHC et/ou une MAF.

Accessoirement cette étude suggère des mécanismes de carcinogenèse différents en fonction de l'étiologie faisant discuter l'implication respective de la cirrhose et du syndrome métabolique.

Pr Marc Bardou

Référence
Reddy S et coll. : Outcomes of curative treatment for hepatocellular cancer in nonalcoholic steatohepatitis versus hepatitis C and alcoholic liver disease. Hepatology 2012; 55: 1809-19

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article