Plus du tiers des malades admis en soins intensifs vont présenter un sepsis, cause prédominante de mortalité en réanimation. Dans ces cas, le pronostic est conditionné par l'administration d'antibiotiques adaptés, et donc directement lié à l’établissement d’un diagnostic correct. Dans cette démarche, l’utilisation de biomarqueurs circulants pourrait se révéler d’une grande aide.
Une étude s’est donné comme objectif de déterminer les valeurs diagnostiques en cas de sepsis d’une combinaison de biomarqueurs.
Trois cents patients consécutifs ont été inclus pour la construction d’un score biologique qui a ensuite été validé de façon indépendante sur une cohorte prospective de patients hospitalisés en soins intensifs dans un autre centre.
Les marqueurs analysés sont la procalcitonine (PCT), le sTREM-1 plasmatique (Récepteur soluble de type 1 d'activation des cellules myéloïdes), et l'expression d’un récepteur de haute affinité pour le fragment Fc des IgG sur les polynucléaires neutrophiles (l’indice PMN CD64 ) par cytométrie de flux. Un "bioscore", dérivé de la combinaison de ces biomarqueurs en fonction de valeurs seuils choisies, a été ensuite construit.
Les concentrations sériques de PCT, de sTREM-1 et le l’indice PMN CD64 à l’admission étaient plus élevés chez les patients atteints de sepsis par rapport à tous les autres (p<0,001 pour les trois marqueurs). Ces biomarqueurs sont tous des facteurs prédictifs indépendants du diagnostic d’infection, la meilleure aire sous la courbe ROC (receiver-operating curve) étant obtenue avec l'indice PMN CD64 (figure 1). Le bioscore a une performance supérieure à chaque marqueur pris individuellement, avec une aire sous la courbe de 0,97 et 90,9 % des malades correctement diagnostiqués.
Courbes ROC à différentes valeurs seuils de la PCT,
du sTREM-1 et de l’indice PMN CD64 pour le
diagnostic de sepsis à l’admission en réanimation.
L’aire sous la courbe est de 0,95 pour l’indice PMN CD64,
de 0,91 pour la PCT et de 0,73 pour le sTREM-1
La cohorte de validation externe a inclus 79 patients dont 36 (45,6 %) avec un sepsis. La performance diagnostique de chaque marqueur individuellement ou de leur association est similaire à celle observée dans la cohorte initiale avec notamment pour le bioscore une aire sous la courbe de 0,95.
Ce travail prospectif propose donc de nouveaux marqueurs, l'indice PMNCD64 et le sTREM-1 sériques pour le diagnostic de sepsis, en plus de la procalcitonine qui nous est dorénavant familière. A l’instar de ce qui se fait en cardiologie par exemple, les utiliser en combinaison accroît leur performance. La validation définitive des valeurs seuils de ces paramètres et de leur association nécessitera toutefois d’autres essais multicentriques.
Dr Béatrice Jourdain