Le dossier médical de Yasser Arafat entièrement dévoilé

Paris, le jeudi 30 août 2012 – Coup de théâtre dans un ciel pas très serein : début juillet, des proches du leader palestinien Yasser Arafat, mort à Paris en novembre 2004, indiquaient que des traces de polonium avaient été découvertes dans des effets lui ayant appartenu. Les analyses réalisées par l’Institut de radio physique de Lausanne relançaient la thèse d’un empoisonnement du dirigeant. Par ailleurs, ces données se révélaient en contradiction avec les résultats obtenus par le Service de protection radiologique des armées françaises.

Les médecins de l’hôpital militaire Percy de Clamart qui ont pris en charge Yasser Arafat, alors âgé de 75 ans à partir du 29 octobre jusqu’à sa mort le 11 novembre n’ont de fait nullement omis d’explorer la thèse de l’empoisonnement afin d’expliquer les symptômes nombreux, complexes et parfois contradictoires du chef politique. « Nous avons très largement travaillé, avec des techniques sophistiquées, la question d’un possible empoisonnement, avant finalement, de conclure par la négative » indiquaient des responsables de l’établissement à Slate au moment du décès de Yasser Arafat.

Plusieurs analyses réalisées… mais la thèse du polonium toujours en suspens

Le dossier médical du leader palestinien dont l’intégralité a été publiée cette semaine par le site Slate.fr (et qui est commenté de façon très détaillée par le journaliste et médecin Jean-Yves Nau) après avoir été ré rendu public il y a quelques mois par la chaîne Al Jazeera sur son site en langue anglaise, confirme la réalisation de ces analyses. Différents types d'éléments radioactifs avaient notamment été recherchés et l’examen avait été déclaré « normal ». Cependant, la recherche spécifique de polonium-210 pourrait ne pas avoir été réalisée. Néanmoins, l’analyse du très long compte-rendu établi entre autres par le professeur Thierry de Revel et le docteur Fagot ne paraît pas mettre en évidence une situation clinique évocatrice d’un empoisonnement au polonium (dont les symptômes sont cependant mal connus en raison du très petit nombre de cas recensés à ce jour). Il n’en reste pas moins que ce dossier très étayé et qui témoigne du grand soin accordé par l’équipe de Percy à leur illustre patient ne peut qu’alimenter les interrogations notamment parce qu’il n’aboutit à aucune conclusion. En dépit des nombreuses hypothèses émises, des multiples examens réalisés, il apparaît en effet qu’aucune thèse ne peut être clairement confirmée avec succès et la cause de la mort survenue le 11 novembre n’a pas été élucidée par les praticiens.

Fallait-il publier le dossier médical d’Arafat ?

Cette incertitude laisse donc le champ libre à toutes les interprétations dont celle de l’empoisonnement, qui devrait être plus approfondie après l’exhumation du corps d’Arafat, officiellement autorisée cette semaine et qui entraînera sans doute la réalisation de nouvelles analyses (la recherche du fameux polonium) voire d’une autopsie qui avait à l’époque été refusée. Le dossier médical constituera également sans doute pour la justice palestinienne et française (qui a ouvert une information judiciaire pour empoisonnement) un élément capital.

Reste à savoir si en dépit des enjeux géopolitiques très certains de cette affaire, il fallait, au nom de l'information, re-publier le dossier médical complet de Yasser Arafat dans la presse française ?

 

Une erreur s'est glissée dans notre article sur le dossier médical de Y Arafat paru hier. Le site Slate.fr n’avait en réalité pas été le premier média français à faire état de la publication du dossier médical de Yasser Arafat, puisque dès le 31 juillet, comme nous l’a fait remarquer une lectrice très attentive, Martine Perez dans le Figaro faisait référence à ce document. Celui-ci avait été publié par la Fondation Arafat sur le site www.yasserarafat.ps. Cette mise à disposition de ce dossier par les proches du leader palestinien relativise le caractère éventuellement discutable de sa divulgation.


 

Aurélie Haroche

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article