Plusieurs travaux montrent une augmentation de l’incidence des morts par cancer chez les patients présentant un syndrome sévère d’apnées du sommeil (SAS).
La première étude (1) a été menée sur 5 467 patients de 7 centres du sommeil en Espagne. La sévérité du SAS a été évaluée par l’index apnée-hypopnée et par le pourcentage de temps de sommeil durant lequel le patient présentait une saturation en oxygène inférieure à 90 %.
Les résultats montrent que les personnes ayant un SAS et qui passent plus de 14 % de leur temps de sommeil avec une saturation en oxygène inférieure à 90 % avaient un risque relatif de mort par cancer pratiquement doublé (odds ratio [OR] = 1,94) par rapport à celui des personnes ne présentant pas cette pathologie. Les patients qui n’utilisaient pas régulièrement leur appareil de pression positive continue (moins de 4 heures par jour), ou qui n’étaient pas traités, avaient un risque relatif encore plus élevé (OR = 2,56) de décès par cancer.
L’association entre SAS et cancer s’est avérée particulièrement forte chez les hommes et chez les plus jeunes. S’il existe un lien entre les 2 pathologies, on ne peut bien sûr établir de relation de cause à effet entre les deux...
Des résultats concordants mais nuancés sont avancés par une seconde étude longitudinale menée sur une cohorte multicentrique de 8 542 patients en Espagne. L’association existante entre SAS et survenue de cancer a disparu après ajustement pour l’âge, le sexe, l’indice de masse corporelle, le tabagisme, ou la prise d’alcool, aussi bien pour le SAS léger à modéré que sévère (2).
Enfin, un troisième travail (3) s’est basé sur un modèle animal de mélanome. La diffusion du cancer (nombre de métastases pulmonaires) était plus importante chez les 13 souris soumise à une hypoxie intermittente que chez les 15 animaux respirant l’air ambiant.
Dr Geneviève Démonet