Un faible niveau d’efficience intellectuelle dans l’enfance est associé classiquement à un risque accru de schizophrénie ultérieurement, mais les relations entre quotient intellectuel et psychose et avec d’autres psychopathologies demeurent mal comprises : la déficience intellectuelle et les psychopathologies constituent-elles de simples comorbidités, ou existe-t-il un lien plus étroit entre ces deux problématiques ?
Pour approfondir ce sujet, grâce aux données de l’enquête prospective NSHD (National Survey of Health and Development, Enquête nationale sur la santé et le développement) recueillies entre 1946 et 1999, sur des sujets âgés de 6 semaines à 53 ans, une étude britannique a notamment évalué les capacités cognitives (aux âges de 8, 11 et 15 ans) au moyen de tests composites verbaux et non-verbaux, et a recensé « les expériences de type psychotique » (chez 2 918 participants).
Cette vaste étude épidémiologique confirme effectivement qu’un faible niveau d’efficience cognitive dans l’enfance représente un « facteur de risque pour une symptomatologie de type psychotique à l’âge adulte » et que l’existence d’expériences de type psychotique à l’âge adulte est « associée de façon significative à un faible niveau d’efficience intellectuelle aux âges de 8 et 15 ans » (mais de façon plus modeste à l’âge de 11 ans). Pouvant traduire, selon les auteurs, le « retentissement phénotypique » de perturbations survenues dans « l’histoire neurodéveloppementale précoce », ce phénomène suggère également que « les anomalies de ce neurodéveloppement sous-jacentes à la schizophrénie se trouvent aussi présentes dans le cadre plus large des troubles du spectre psychotique. »
Dr Alain Cohen