Thermomètre et baromètre pour prédire les pics de bronchiolites à VRS

Le virus respiratoire syncitial (VRS) est la cause des deux tiers des bronchiolites des nourrissons. Son activité se manifeste de novembre à mars, avec un pic dans cet intervalle et une intensité variable d’une année sur l’autre. Croiser les données épidémiologiques avec les relevés météorologiques a déjà été tenté avec des résultats assez variables, liés à la latitude et aux paramètres analysés, température, pression atmosphérique, degré d’humidité, couverture nuageuse. Le sujet n’est pas anecdotique car il conditionne d’une part la mobilisation des équipes en particulier hospitalières pour faire face à une brutale augmentation d’activité et d’autre part mettre en route un traitement préventif pour les enfants les plus fragiles.

Des pédiatres de Palma de Majorque ont examiné les relevés météo de la station située à 15 Km de leur hôpital lors des épidémies de VRS survenues entre 1995 et 2006. Au cours de cette période, 2 384 bronchiolites touchant des enfants de moins de 2 ans avaient été enregistrées : le VRS était en cause dans 62,7 % des cas (n=1 495), 97 % des infections s’étaient produites entre novembre et mars avec un pic en janvier. L’incidence de ces infections a été étudiée en relation avec la température, la pression atmosphérique, la pression de vapeur d’eau et le pourcentage d’humidité. Plusieurs modèles ont été testés pour tenir compte du délai d’incubation (2 à 7 jours), de la période d’observation, hebdomadaire ou mensuelle. La moyenne des valeurs météorologiques pendant la période a été considérée comme la meilleure approximation. Le quotient entre le nombre d’admissions par valeur météorologique et le nombre de jours avec la même valeur a été étudié.

Il est ainsi apparu que l’activité du  VRS par semaine pourrait être prédite par la température moyenne et la pression atmosphérique (R = 0,88 P<0,001). L’activité VRS mensuelle a été significativement corrélée (R = 0,95 P<0,001) avec la température moyenne et minimale, la pression de vapeur d’eau, l’humidité relative et la pression atmosphérique. Le pic d’infection a été observé pour une température moyenne de 9°C, avec un minimum de 5° et un maximum de 16°, une pression atmosphérique de 1 032 hPa (NDLR 774 mmHg), une humidité relative de 83 % et une pression de vapeur d’eau de 910 hPa (682,5 mmHg).

Plusieurs études suggèrent que la survie du virus est inversement corrélée à la température. D’après cette dernière, le VRS est inactivé au dessous de 6° et au dessus de 23°. Son activité augmente avec la pression atmosphérique et au contraire est négativement corrélée avec la pression de vapeur d’eau qui en baissant permet l’évaporation des gouttelettes infectieuses. Un degré d’hygrométrie entre 69 % et 83 % favorise l’activité virale.

Au total, cette étude montre bien la corrélation entre les conditions météorologiques et le taux d’hospitalisation.

Pr Jean-Jacques Baudon

Référence
Hervás D et coll. : Meteorologic conditions and respiratory syncitial virus activity. Pediatr Infect Dis J 2012 ;31 :e176-e181

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