Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil en France, fréquent et fréquemment méconnu

Différents travaux, conduits notamment aux États-Unis l’ont constaté : le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est souvent sous-diagnostiqué. Des équipes de l’Institut de veille sanitaire et de l’hôpital Saint-Anne (Paris) ont cherché à savoir ce qu’il en était en France, et ont à leur tour déterminé la prévalence des symptômes évocateurs de ce trouble respiratoire du sommeil et l’ampleur de la sous-estimation diagnostique éventuelle du SAOS.

Pour ce faire, C Fuhrmann et coll. se sont appuyés sur les données 2008 de l’Enquête Santé et Protection Sociale, portant sur un échantillon représentatif de la population générale française de plus de 12 000 sujets, âgés de 16 ans ou plus, interrogés au cours d’entretiens et par auto-questionnaires. Ronflements presque toutes les nuits, avec pauses respiratoires constatées par l’entourage ou somnolence diurne excessive (score supérieur à 10 sur l’échelle d’Epworth) étaient retenus comme signes évocateurs.

La population de répondants (n = 12 203, 47,4 % d’hommes), âgée de 46,8 ± 0,2 ans, comptait 14,7 % d’hypertendus et 3,2 % de sujets ayant une maladie cardiovasculaire (infarctus du myocarde, angor, AVC), 29,6 % de sujets en surpoids et 12,1 % de sujets obèses, 4,8 % de diabétiques, 28,2 % de sujets fumant au moment de l’enquête et 22,5 % d’anciens fumeurs, 3,4 % de sujets atteints de BPCO et 4,7 % ayant un asthme.

La prévalence des signes évocateurs de SAOS rapportés était globalement de 4,9 %, celle du SAOS diagnostiqué par un médecin de 2,4 %. Ces taux étaient plus élevés chez les hommes que chez les femmes (respectivement 7,3 % vs 2,8 % et 3,2 % vs 1,6 %). Ils variaient également avec l’âge : chez les 50-59 ans : 8,1 % et 3,3 % respectivement (vs 0,9 % et 0,3 % chez les 16-24 ans, 3,8 % et 1,1 % chez les 25-39 ans, 5,9 % et 2,1 % chez les 40-49 ans, 5,5 % et 4,2 % chez les 60 ans ou plus). Ils étaient davantage marqués également chez les sujets en surpoids (6,8 % et 2,8 % respectivement) ou obèses (11,5 % et 8 %) vs 2,8 % et 1 % chez les sujets minces ou de corpulence normale. Il en était de même pour les hypertendus (8,4 % et 5,2 % vs 4,3 % et 1,9 % en l’absence d’HTA.)

Parmi les participants, 2,7 % ont déclaré avoir eu des explorations du sommeil. La prévalence des examens somnographiques rapportés, de 15,1 % chez les sujets ayant des signes évocateurs de SAOS allait croissant, notamment avec l’avancée en âge, (23,6 %), l’existence d’une obésité (26,1 %) et les comorbidités (27,4 % chez les hypertendus.)

C’est un constat de sous-estimation diagnostique de SAOS qui ressort de cette étude : la prévalence des signes évocateurs de SAOS rapportés est élevée, de près de 5 %, mais celle du SAOS diagnostiqué par un médecin est bien moindre, de près de 2,5 % seulement. De plus l’insuffisance diagnostique semble concerner même les sujets à comorbidités associées, obèses, hypertendus, ceux atteints d’affections respiratoires ou cardiovasculaires chroniques, en particulier. C’est bien sûr sur les efforts à faire pour améliorer ces résultats qu’insistent les auteurs, qui renouvelleront cette enquête dans quelques années, pour évaluer alors l’importance des progrès en matière de diagnostic.

Dr Julie Perrot

Référence
Fuhrman C et coll. : Symptoms of sleep apnea syndrome ; High prevalence and underdiagnosis in the French population. Sleep Med 2012 ; 13 : 852-8.

Copyright © Regifax

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article