Le comité de pilotage pour la surveillance épidémiologique des donneurs de sang rend annuellement publiques les conclusions de l’évaluation du risque résiduel de transmission du VIH, de l’HTLV, du VHC et du VHB par transfusion en France. Cependant, la sécurité vis-à-vis des maladies transmissibles déborde ce cadre, comme nous l’illustre ce numéro du BEH. L’analyse de la diversité virale chez les donneurs de sang français entre 2000 et 2010 (S. Laperche et coll.) permet, pour le VIH, le VHB et le VHC, de mettre en regard la distribution des différents types viraux observés chez les donneurs de sang avec celle observée dans la population générale. Cette démarche pourrait paraître au premier abord comme un travail purement descriptif n’intéressant que les seuls spécialistes. Rien n’est plus faux et, pour ne prendre qu’un exemple, la corrélation observée entre les types viraux de VHC et les différents facteurs de risque retrouvés n’est pas qu’anecdotique, car elle permet d’alimenter la réflexion sur l’efficacité de la sélection lors de l’entretien préalable au don. La France a choisi, il y a moins de 15 ans, de confier l’approvisionnement en produits sanguins labiles (PSL) des hôpitaux à l’Établissement français du sang (EFS), et de maintenir le Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA). Cette organisation est décrite dans l’article de B. Danic et coll., avec un développement particulier sur la sélection des donneurs de sang. Deux constats s’imposent : en premier lieu, contrairement à la période 1985-2000 où la demande en PSL avait diminué de plus de 40%, une croissance constante des besoins est observée depuis 2002 ; en second lieu, le vieillissement de la population, qui induit des besoins transfusionnels croissants, conduit également à une diminution du pourcentage de la population en âge de donner son sang. Dans un tel contexte, il devient essentiel que l’impact de toute nouvelle mesure de sécurité sur le nombre de personnes exclues du don soit évalué avant sa mise en oeuvre. Cet article nous introduit également à deux débats de société autour du don de sang : l’ajournement permanent au don des hommes ayant eu des relations sexuelles avec un autre homme (HSH), et le principe éthique de bénévolat du don de sang. Il y a trois grands groupes de risques liés aux agents transmissibles qui ne font pas l’objet de dépistage (P. Gallian et coll.) : des agents connus, de distribution géographique relativement stable, pour lesquels des tests de dépistage sont utilisables en routine (Plasmodium falciparum, Trypanosoma cruzi) ou non (virus de la dengue), des agents émergents (ou ré-émergents) créant des épidémies dans des zones géographiques parfois très importantes (virus West Nile en Amérique du nord, Chikungunya à l’île de la Réunion), mais parfois beaucoup plus restreintes (foyers de virus West Nile sur l’arc méditerranéen), et enfin des agents dont l’impact réel en sécurité transfusionnelle est très difficile à évaluer (nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt- Jakob). La multiplication des alertes dans les dix dernières années a conduit à la mise en place d’une cellule d’aide à la décision pilotée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Les mesures sécuritaires prises doivent répondre à deux enjeux : d’une part, cibler au mieux les personnes à risque d’être des vecteurs de ces agents et, d’autre part, ne pas risquer d’induire une pénurie d’approvisionnement conduisant à d’autres risques sanitaires. La politique mise en oeuvre à partir de 2007 pour prévenir la transmission de Trypanosoma cruzi est intéressante à cet égard, un dépistage étant fait chez toute personne ayant séjourné en zone d’endémie, même brièvement. L’expérience initiale a montré que des dépistages positifs n’ont été observés que chez des personnes nées en zone d’endémie, qui représentaient à peine 3% de l’ensemble des personnes testées1. L’analyse de l’expérience est donc essentielle pour faire évoluer les mesures
Voir : http://www.invs.sante.fr/content/download/48368/209133/version/4/file/BEH_39_40_2012.pdf