Agression sexuelle et revictimisation

Si les agressions sexuelles (touchant « 9 fois sur 10 des femmes ») constituent un douloureux problème médico-légal, avec son cortège évident de séquelles (anxiété, dépression…),  Archives of General Psychiatry en évoque un aspect moins connu, celui de la « revictimisation » qui concerne des victimes subissant deux ou plusieurs agressions sexuelles dans leur vie.

Aux États-Unis (et probablement ailleurs), cette situation serait bien plus fréquente qu’on ne le croit a priori, puisque plus d’une victime sur deux (environ 53 % des adolescentes et 59 % des femmes adultes concernées par une précédente agression sexuelle) en « signalent une nouvelle » dans les suites (proches ou lointaines) de la première, au point qu’un antécédent d’agression dans le passé de la victime constitue un vrai facteur de risque de « revictimisation » pour l’avenir.

L’une des conséquences possibles de cette récidive du même type de traumatisme, c’est la fréquence particulièrement élevée du trouble de stress post-traumatique (TSPT) dans cette population : 20 % des adolescentes « revictimisées » souffrent ainsi d’un TSPT, une proportion s’élevant à 27,2 % chez les femmes adultes dans la même situation. Et comparativement aux personnes sans statut de victime, les risques d’avoir souffert d’un TSPT au cours des six derniers mois sont environ « 2,4 à 3,5 fois plus élevés » chez les victimes avec un unique antécédent traumatique, mais « 4,3 à 8,2 fois plus élevés » chez celles ayant enduré une nouvelle agression.

Les auteurs estiment que ces constats alarmants illustrent la nécessité de développer dès l’école des programmes de prévention sur ce thème, en détectant notamment et en traitant le plus tôt possible les séquelles psychologiques ou psychiatriques résultant d’une agression, et a fortiori lorsque celle-ci vient à se réitérer. Cette démarche contribuerait certainement à « alléger le fardeau » que représente la revictimisation en termes de santé publique.

Dr Alain Cohen

Référence
Walsh K et coll.: National prevalence of Posttraumatic Stress Disorder among sexually revictimized adolescent, college, and adult household-residing women. Arch Gen Psychiatry, 2012; 69(9): 935–942.

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Vos réactions (1)

  • Revictimation : pourquoi ?

    Le 13 novembre 2012

    Il ne faut pas oublier la possibilité que ce soit le comportement de la victime qui joue un rôle dans les agressions sexuelles successives, en particulier la dépression qui pourrait être un facteur causal et non seulement une conséquence.

    Dr Bernard Maroy

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