Paris, le jeudi 8 novembre 2012 – La grippe n’est pas encore (vraiment) là, mais la vaccination, elle, doit débuter sans attendre ! Tel est en substance le message adressé aujourd’hui par le Groupe d’expertise et d’information sur la grippe (GEIG). Pour l’heure, les virus grippaux se sont faits discrets. Certes, A(H1N1), A(H3N2) et la grippe B ont bien été détectés, mais les cas ont encore été trop peu nombreux pour déterminer lequel de ces trois virus tiendra la vedette cette année. Quelques hospitalisations ont cependant déjà été rapportées : un enfant de six ans a notamment été admis en réanimation. Une situation qui rappelle combien, notamment chez certains sujets fragiles, la grippe peut se révéler dangereuse et qui doit inciter à la vaccination. « C’est le bon moment pour vacciner les personnes à risque et ceux qui les prennent en charge » martèlent les Groupes régionaux d’observation de la grippe (GROG) dans leur dernier bilan.
Gratuité et efficacité pendant six mois
Si le GEIG et les GROG se montrent si insistants c’est qu’ils redoutent un nouveau recul de la couverture vaccinale. Ces deux dernières années ont en effet été marquées par une diminution du nombre de personnes vaccinées, dans toutes les catégories de la population. Pour refreiner cette tendance (qui a probablement contribué en partie l’année dernière à un pic de mortalité durant les semaines les plus froides du mois de janvier), les nombreux avantages de la vaccination sont rappelés. Tout d’abord sa gratuité pour dix millions de personnes en France, parmi lesquelles, les plus de 65 ans, de nombreux patients relevant du dispositif ALD (affection longue durée) et pour la première fois en 2012 les sujets présentant une obésité morbide et les femmes enceintes. Ensuite, son efficacité pendant une période de six mois. A cet égard, le professeur Bruno Lina, président du conseil scientifique du GEIG déplore l’existence de « rumeurs alimentées sur les réseaux sociaux par des infirmières affirmant que la durée du vaccin n’est que deux mois ».
Heureux celui qui se vaccine (ou plutôt l’inverse)
Comment expliquer face à ces avantages certains la réticence qui s’exprime encore dans une grande partie de la population ? Outre ce que Bruno Lina appelle « la théorie du grand complot mondial industriel », certains mettent en doute l’efficacité du vaccin. De fait, l’année dernière, la mutation de la souche A(H3N2) avait quelque peu diminué la protection conférée par le vaccin. Par ailleurs, l’exemple offert par les professionnels de santé, notamment les infirmières, ne peut guère inciter les patients à la sagesse. L’année dernière, seuls 60 % des médecins généralistes, 40 % des hospitaliers, 11 à 12 % des infirmières salariées et 3 % des infirmières libérales s’étaient en effet fait vacciner contre la grippe ! Pour expliquer cette forte désaffection des soignants vis-à-vis de la vaccination anti-grippale, le Docteur Olivier Robert, médecin du personnel au CHU de Lyon avance dans le Journal de Saône et Loire des arguments intéressants. Bien sûr, il note que comme tous les Français, les personnels soignants sont influencés par les thèses fantaisistes circulant sur le net. Il relève également que durant la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1), le refus de la vaccination a pu être érigé en action politique en opposition avec le gouvernement. Mais surtout, il établit un lien entre adhésion à la vaccination et bien être au travail. « Je le vois avec les gens qui viennent dans mon cabinet. Si on est heureux, bien dans son travail, on se vaccine on adhère. A contrario, refuser la vaccination est peut être l’occasion de dire non ».
Aurélie Haroche