Arrêt cardiaque : de moins en moins fatal !

Des progrès sensibles ont été accomplis ces dernières années dans la prise en charge des arrêts circulatoires notamment dans l'entraînement des personnels et dans l'utilisation plus large, après récupération d'un rythme spontané, de l'hypothermie et de la revascularisation percutanée.  Cependant aucune étude n'avait jusqu'ici montré que cette amélioration théorique de la qualité des soins s'était traduite par un meilleur pronostic vital sans augmentation des séquelles neurologiques.
Un vaste travail observationnel conduit aux Etats-Unis permet pour la première fois de répondre à cette question.

Saket Girotra et coll. se sont basés sur un registre prospectif regroupant tous les arrêts circulatoires survenus dans 553 hôpitaux américains entre 2000 et 2009. Sur les 113 514 patients inclus, seuls 84 625 ont été retenus pour l'analyse, une fois écartés notamment les arrêts cardiaques survenus au bloc opératoire, dans les salles de cathétérisme ou aux urgences et ceux intervenus dans des hôpitaux ayant enregistré moins de 5 événements par an. 

Près d’un quart des arrêts cardiaques sortent de l’hôpital

Parmi ces arrêts cardiaques survenus en unité de soins intensifs ou en salle dans 79,3 % des observations, le rythme initial était une asystolie ou une dissociation éléctromécanique (DEM) et dans 20,7 % des cas il s’agissait d’une fibrillation ventriculaire (FV) ou d’une tachycardie ventriculaire avec arrêt circulatoire. Il est à noter que la proportion des asystolies et des DEM s’est accrue au fil des années ce qui aurait pu conduire à une détérioration du pronostic global étant donné le caractère plus difficilement accessible à la réanimation de ces types de rythme.

Malgré ceci, les taux de survie immédiate (au moins 20 minutes de circulation spontanée après l’arrêt) et surtout à moyen terme (permettant la sortie de l’hôpital) se sont significativement accrus au cours de la décennie. Ainsi, après ajustement sur les caractéristiques des patients et des hôpitaux, la survie immédiate est passée de 42,7 % en 2000 à 54,1 % en 2009 et surtout le taux de sortie de l’hôpital est passé de 13,7 % en 2000 à 22,3 % en 2009 (p<0,001 pour la tendance dans les deux cas).

Pas d’augmentation des séquelles neurologiques

Cette amélioration du pronostic vital a concerné les deux groupes de rythme (asystolie et DEM d’une part et FV et TV d’autre part) et fait essentiel ne s’est pas fait au dépend du pronostic neurologique puisque le taux de séquelles significatives a décru au fil des années (risque ajusté allant de 32,9 % chez les survivants en 2000 à 28,1 % en 2009 ; p=0,02 pour la tendance). Il faut cependant noter que le taux de séquelles neurologiques graves est demeuré stable autour de 10 %.
On peut donc probablement affirmer (sous réserve de certains biais que les ajustements n’auraient pas pu écarter) que le pronostic des arrêts cardiaques hospitaliers s’est sensiblement amélioré ces 10 dernières années (tout au moins aux Etats-Unis). Il est toutefois impossible à partir des données de cette étude observationnelle de préciser quels sont les déterminants principaux de ce progrès (temps de réponse plus court après un arrêt circulatoire, meilleure qualité de la réanimation cardio-pulmonaire, recours plus fréquent à l’hypothermie, à la revascularisation coronaire en urgence, voire aux méthodes d’assistance circulatoire temporaire…).

Cette étude aux résultats réconfortants devrait nous inciter à poursuivre nos efforts dans toutes ces directions.

Dr Céline Dupin

Référence
Girotra S et coll.: Trends in survival after in-hospital cardiac arrest. N Engl J Med 2012; 367: 1912-20.

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