Nouveau coronavirus : grosse peur ou principe de précaution ?

En septembre dernier, un nouveau coronavirus était caractérisé par séquence génomique au Erasmus Medical Center à partir du prélèvement d’un patient d’Arabie Saoudite présentant une pneumonie sévère. Le nouveau venu, avec son grand génome ARN et la couronne (corona) caractéristique de sa surface, provoquait immédiatement une vive et légitime émotion, faisant resurgir dans toutes les mémoires médicales le souvenir du SRAS de 2003 -avec ses quelques 8 000 cas et sa mortalité de 10 % -  au moment même où des millions de pèlerins préparaient le Hadj (pèlerinage à La Mecque). Le pire était-il à venir ?

Le 6 décembre 2012, quelques mois plus tard donc, on sait que le pire n’est pas (encore ?) survenu. A cette date, 9 cas confirmés (8 hommes) d’infections respiratoires dues au virus ont été rapportés, et 5 sont décédés. Les pays concernés sont la Jordanie (2 cas), l’Arabie Saoudite (5) et le Qatar (2). Les diagnostics ont été réalisés dans des laboratoires internationaux, notamment en Europe, et il a été confirmé une grande parenté avec le SRAS de 2003. En France, sur un total de 10 cas signalés à l’Institut de veille sanitaire (InVS), 5 n’ont pas été retenus et 5 ont été testés mais se sont révélés négatifs pour le Coronavirus. Selon les experts de l’OMS et de l’ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control), la distribution géographique large et l’intervalle étendu de survenue des cas pourraient être en faveur d’une transmission zoonotique intermittente à partir d’une source environnementale, sans exclure pour autant toute transmission inter humaine. Il demeure cependant possible que les infections à coronavirus soient plus répandues qu’on imagine aujourd’hui…

La situation, finalement, ne semble pas dramatique. Ce qui n’a pas empêché, le 7 décembre dernier, l’InVS de distribuer largement par voie électronique aux praticiens intéressés une note d’informations contenant des recommandations et définitions de cas.  Des cas sont considérés comme possibles s’ils proviennent, outre des pays directement concernés, des zones limitrophes ou de celles dont viennent de nombreux immigrants : Bangladesh, Egypte, Inde, Indonésie, Népal, Pakistan, Philippines, Sri Lanka ou Soudan. Les malades à suspecter présentent, 10 jours après leur retour, des signes cliniques ou radiologiques de détresse respiratoire aiguë ou d’infection du parenchyme pulmonaire avec fièvre > 38°C et toux, sans étiologie identifiée. Un clinicien qui identifie un cas possible contactera l’InVS et la plate forme de veille et d’alerte sanitaire de l’Agence Régionale de Santé, qui guideront ses actes ultérieurs, de la démarche diagnostique à la conduite à tenir envers le patient. Tout est défini dans la note, y compris la façon dont il faudra traiter les déchets et l’ordre dans lequel le praticien se déshabillera après avoir prélevé son malade. Tout est sous contrôle, puisqu’on vous le dit…

Dr Jack Breuil

Référence
Palm D et coll. : Laboratory capability for molecular detection and confirmation of novel coronavirus in Europe, November 2012. Eurosurveillance (49) [6-12-2012].

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