En plein délire

Paris, le samedi 15 décembre 2012 – Souvent, au cinéma, à la télévision plus encore et même dans les romans, les médecins sont des héros. Pourtant l’un des plus célèbres médecins de la littérature est un anti-héros. Bardamu, le narrateur cynique, sombre, désabusé à force d’être désespéré de Voyage au bout de la Nuit est incarné au théâtre de l’Oeuvre par Jean-François Balmer. Une adaptation sur scène de ce roman est forcément un exercice difficile : comment transformer la densité du texte de Céline en quelques heures de spectacle ? Grâce au travail de Nicolas Massadau, le résultat porté par Jean-François Balmer, à la puissance tranquille et assuré, est enthousiasmant. Si le texte se concentre plus particulièrement sur la première partie du roman, qui évoque les traumatismes de la guerre de 14, tous les thèmes évoqués avec violence et désespérance se retrouvent néanmoins dans la pièce, telle notamment la description de l’Afrique colonisée.

Aurochs dans le bayou

Le voyage de Bardamu en Afrique est notamment marqué par la forte fièvre dont est victime l’anti-héros sur le bateau de croisière l’Infanta Combitta. Un véritable délire est alors décrit par Céline. Cette association entre le voyage et les fantômes terrifiants d’une imagination fiévreuse pourrait également être la trame du film de Benh Zeitlin, « Le Sud des bêtes sauvages » qui avait créé l’évènement à Cannes. Ici, cependant, le héros n’est pas un homme traumatisé par la laideur du monde et de l’histoire, mais une petite fille aérienne, Hushpuppy (l’étonnante Quvenzhané Wallis). Vivant avec son père souffrant dans un bayou perdu de Louisiane, Hushpuppy va devoir se confronter à des créatures mystérieuses, les aurochs, dont l’arrivée sur terre paraît coïncider avec l’étrange mal qui ronge son père. La petite fille part alors à la recherche de sa mère dans un long voyage initiatique où la nature, ses forces et ses violences, joue le premier rôle.

La voix de Nani

Il y a comme la trace d’une folie originelle dans le film de Benh Zeitlin. Une même folie douce irrigue le livre de Karin Müller, qui nous raconte avec drôlerie et finesse cent crimes perpétrés contre l’art. Ici, les délinquants sont les personnages principaux, leurs obsessions, leurs escroqueries, leurs délires sont les véritables « héros ». Karin Müller revient ainsi notamment sur l’histoire de Piero Cannata, qui en 1991 avait affirmé aux policiers que son geste de fureur contre l’orteil du David de Michel Ange, qui trône superbe dans la galerie de l’Académie à Florence, lui avait été ordonné par un personnage peint par Véronèse, une belle Vénitienne surnommée « Nani ». Le fantasque récit finit de convaincre les enquêteurs qui le jugèrent irresponsable et le conduirent en hôpital psychiatrique.

Le vrai visage de l’autisme

La psychiatrie. Elle a longtemps été aussi le seul horizon thérapeutique pour les enfants souffrant d’autisme. Aujourd’hui, d’autres approches lui sont, si non préférées, tout au moins associées. C’est ce chemin vers une nouvelle forme de prise en charge qu’évoque le reportage diffusé sur France 5, mardi 18 décembre. Ce documentaire offre également un regard sur l’autisme assez différent de celui qui prévaut habituellement dans les médias. Ne se concentrant pas uniquement sur les patients souffrant du syndrome d’Asperger, il tente en effet de dévoiler la très grande diversité des troubles que recouvre le terme « d’autisme ».

Aurélie Haroche

Références
Théâtre : « Voyage au bout de la nuit », adaptation du roman de Céline par Nicolas Massadau et mise en scène de Françoise Petit-Balmer, Théâtre de l’Oeuvre, 55, rue de Clichy, 75009 Paris, jusqu’au 17 février 2013
Cinéma : « Le Sud des bêtes sauvages » de Benh Zeitlin, sortie le 12 décembre 2012, 1 h 32
Livre : « 100 crimes contre l’art », de Karin Müller, éditions l’Ecailler, 18 euros
Télévision : « Planète Autisme », France 5, mardi 18 décembre, 20 h 35

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