
Paris, le vendredi 4 janvier 2013 – Face à ce qu’il est coutume d’appeler le « gâchis » de la première année de médecine qui est désormais associée à la première année de pharmacie, odontologie et maïeutique, une réforme a été mise en œuvre en 2010. La « première année des études de santé » (PACES) a été présentée comme un remède à une situation douloureuse pour des milliers d’étudiants qui, après deux années de dur labeur, voient leur rêve leur échapper, sans aucune possibilité de réorientation acceptable à leurs yeux. Passerelle aménagée vers les autres disciplines, réorientation facilitée dès la fin du premier semestre en cas de résultats alarmants lors de la première partie du concours ou encore mise en place de tutorats pour accompagner les élèves sont censés restreindre le nombre de jeunes gens broyés par un concours extrêmement difficile. Pourtant, deux ans après la mise en œuvre de cette réforme, les avis sont mitigés sur la réussite du dispositif qui ne parviendrait guère à remplir son objectif. L’instance la plus sévère à cet égard est probablement l’Académie de pharmacie qui ne décolère toujours pas contre le fait que les études pharmaceutiques aient été intégrées à la PACES.
« La PACES, destructrice sur le plan pédagogique »
A plusieurs reprises en 2012, les sages ont ainsi énuméré les failles du nouveau système évoquant des « résultats hétérogènes d’une Université à l’autre », un « certain nombre de dysfonctionnements » et concluant sans appel : « la poursuite de la PACES en l’état est destructrice sur le plan pédagogique et ne répond pas à ses objectifs ». Quelle solution préconisent alors les sages ? Encore et toujours, ils plaident pour la mise en place d’une « présélection à l’entrée de la première année des études de Santé dans l’intérêt des étudiants (…) à organiser à l’issue du baccalauréat avec prise en compte du dossier ». Un tel système pourrait séduire une majorité de professionnels de santé comme le révèle le sondage réalisé du 19 décembre au 3 janvier sur notre site. Il apparaît en effet que 65 % de nos lecteurs médecins, infirmiers, pharmaciens ou encore dentistes ou sages-femmes se déclarent favorables à l’instauration d’une sélection à l’entrée en première année de médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique. Ils ne sont qu’une minorité (32 %) à s’inscrire contre une telle option, tandis que 4 % de nos lecteurs ont considéré difficile de se prononcer.
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Sondage réalisé du 19 décembre 2012 au 3 janvier 2013 auprès de 671 professionnels de santé |
La liberté de se planter
Ces résultats sont quasiment semblables à ceux obtenus sur notre site il y a sept ans, alors que l’idée de la PACES n’avait pas encore germé. Cette constance marque certainement le fait que, dans l’esprit de la plupart des professionnels de santé, les réformes engagées ont échoué à répondre à l’écueil de la première année. Pourtant, les oppositions à une sélection à l’entrée demeurent toujours aussi fortes, notamment parmi les étudiants. Mise à mal du statut universitaire des études médicales et sanitaires, perte de chance pour les rares carabins qui se « révèlent » une âme de travailleur une fois le bac (difficilement) obtenu et souci de conserver le principe d’une liberté d’inscription qui régit les facultés en France sont autant d’arguments avancés par les opposants à une sélection à l’entrée. Leur vigueur a d’ailleurs pu une nouvelle fois s’observer lors de la polémique qu’a entraîné ces derniers mois l’installation à Toulon d’une faculté privée de pharmacie offrant de contourner le numerus clausus au prix d’une somme relativement importante (autour de 9 000 euros) et d’un examen du dossier.
Aurélie Haroche