Chaque année aux États-Unis, près de 2 millions de personnes sont victimes d’un traumatisme crânien, ce qui fait de cette problématique, le trouble neurologique le plus fréquent après les céphalées. Dans 80 % des cas environ, ce traumatisme cranio-cérébral est « léger » ou « modéré » (mild traumatic brain injury), et présente alors un caractère de moindre gravité : score supérieur à 13 sur l’échelle de Glasgow [1], perte de connaissance inférieure à 30 minutes, amnésie post-traumatique inférieure à 24 heures, brève sensation de confusion ou d’étourdissement.
Ces dernières années, les traumatismes cranio-cérébraux légers (TCL) ont fait l’objet d’un regain d’intérêt, tant en raison des accidents au cours d’activités sportives que parmi le personnel servant en Irak ou en Afghanistan. Statistique éloquente : « 15 à 20 % des soldats déployés sur ces théâtres d’opérations auraient subi un TCL. » Or les examens complémentaires habituels (scanographie et imagerie par résonance magnétique) ne montrent en général aucune anomalie particulière après un TCL, d’où l’intérêt accordé à une technique offrant « une plus grande sensibilité et une meilleure spécificité. »
Comme les faisceaux de matière blanche (tels que corps calleux, capsule interne ou corona radiata [2]) se révèlent les plus vulnérables à ce type de traumatisme, il est logique de promouvoir dans cette indication l’imagerie du tenseur de diffusion [3] (ITD) qui représente actuellement la seule technique permettant d’apporter des informations sur ces faisceaux de substance blanche (white matter tracts) et d’évaluer la connectivité cérébrale de façon non invasive.
Dans la mesure où cette ITD conduira indubitablement à une nouvelle sémiologie radiologique (complétant celles basées sur d’autres techniques d’imagerie), l’auteur s’interroge donc : si l’ITD n’a encore aucune incidence sur les décisions thérapeutiques ou les interventions (dépendant essentiellement de critères cliniques), le constat d’anomalies en ITD va-t-il affecter la connaissance des traumatismes cranio-cérébraux légers et de la récupération post-traumatique ? Certaines études laissent déjà entrevoir des anomalies en ITD, mais ces premiers travaux manquent d’« uniformité méthodologique pour définir les anomalies. » En particulier, il n’est pas certain que les témoins sans antécédent traumatique et en bonne santé constituent ici « le groupe-contrôle le plus approprié. » Comme les sujets avec TCL (en milieu militaire) peuvent aussi souffrir de syndrome de stress post-traumatique ou d’autres problèmes (dépression, anxiété, céphalées, troubles du sommeil, etc.), les recherches doivent aussi « comparer les sujets avec TCL à ceux ayant une symptomatologie psychiatrique, mais sans antécédent traumatique. ».
[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chelle_de_Glasgow
[2]
http://www.neur-one.fr/neuro%20anatomie%20fonctionnelle%20II.pdf
[3]
http://fr.wikipedia.org/wiki/IRM_de_diffusion#Imagerie_du_tenseur_de_diffusion
Dr Alain Cohen