
Paris, le samedi 6 avril 2013 – Vos mardis soir ne sont plus ce qu’ils étaient ? Vous zappez vaguement d’une chaîne à l’autre, évitant savamment Tf1 ? Vous répondez avec cynisme à vos confrères, ce jour là, plus que tout autre ? Pas de doute vous souffrez d’une Housite. La série parfois incompréhensible, souvent abracadabrantesque, fréquemment redondante dont l’interniste génial et imbuvable du Princeton-Plainsboro était le héros, vous manque. Vous reprendrez bien un peu de ces diagnostics improbables, de ces énigmes médicales tirées par les cheveux, de cet humour décapant ? Ce n’est pas exactement ce que vous propose le docteur Jean-Yves Nau sur son blog « Journalisme et santé publique », mais sa dissertation sur les épisodes 19 et 20 de la saison ultime de « Dr House » met en lumière certaines des réflexions qui sous tendaient ce feuilleton.
Un gastroentérologue se doit-il d’avoir été hémorroïdaire ?
Ainsi, les épisodes dans lesquels Wilson (pour les non initiés, le fidèle ami de House, sorte de Watson du médecin génial, double bienveillant du praticien cynique) se débat contre son cancer illustrent selon Jean-Yves Nau une « passionnante problématique ». « Un alcoologue se doit-il d’avoir été alcoolique ? Un dermatologue acnéique ? Un gastro-entérologue hémorroïdaire ? Un psychiatre dépressif ? Etc. Passionnante problématique. Elle est omniprésente dans les épisodes 19 et 20 de la saison ultime de Dr House » débute Jean-Yves Nau. Se mettant dans la peau du critique de télévision très averti, l’auteur propose une relecture du stade terminal de la série : « Spoiler ou pas, voici l’essentiel de ces deux épisodes préterminaux: le malade ne compte plus, les syndromes encore moins. La pathologie ne cesse de se centrer sur le corps du délit: le corps médical. La qualité de la thérapie est-elle sous tendue par l’expérience de la maladie ? ».
Les médecins se soignent-ils mieux que leurs patients ?
Avec Wilson, c’est le cas spécifique des cancérologues qui est par exemple posé. « Le chef du service d’oncologie souffre d’un cancer du thymus. Déprimé chronique, [il] est atteint d’une forme avancée d’une lésion assez rare qui nécessite chimiothérapie et radiothérapie. Sans oublier la chirurgie. Wilson connaît fort bien les procédures thérapeutiques en vigueur face à un thymome. Et il entend bien ne pas les respecter. Où l’on aborde une autre source d’intérêt des non médecins pour ceux qui le sont. Ces derniers ont-ils ou non des recettes secrètes, des solutions miracles qu’ils ne partagent pas avec le commun des mortels ? De ce point de vue, le cas de Wilson est assez exemplaire. Il déroge à toutes les règles qu’il imposait à ses patients » résume Jean-Yves Nau qui, grâce à son humour (pas exactement similaire à celui de House mais assez jubilatoire cependant !) et à sa plume alerte donne du même coup presque envie de se replonger dans la série pour y découvrir tout ce qu’on y avait pas vu (et constater une nouvelle fois qu’il s’agit presque plus d’une série pour médecins que pour patients !).
Vous vouliez soigner votre Housite : c’est raté. Les remèdes sont souvent pire que le mal. Pour ceux qui n’ont pas peur des thérapeutiques chocs, le post de Jean-Yves Nau est à lire ici.
Aurélie Haroche