
Lille, le lundi 13 mai 2013 – L’enquête épidémiologique lancée après la confirmation d’un premier cas d’infection au nouveau coronavirus (NCoV) identifié en France, chez un patient de 65 ans ayant voyagé en Arabie saoudite avait conduit à identifier plusieurs cas suspects. Un médecin de l’hôpital de Valenciennes où le malade avait été initialement admis pour des troubles digestifs, deux soignants du centre hospitalier de Douai où il avait ensuite été transféré, un jeune homme de sa famille et le patient ayant partagé sa chambre à Valenciennes ont fait l’objet d’une vigilance particulière parmi les cent vingt quatre personnes ayant été en contact avec ce patient. Sur ces cinq sujets, seul un s’est révélé contaminé par le NCoV : le malade qui avait partagé sa chambre à Valenciennes. Ce patient est un homme de 50 ans aujourd’hui hospitalisé au CHRU de Lille où il été transféré en réanimation hier en raison d’une aggravation de son état respiratoire comme l'a indiqué le professeur Benoît Guéry, chef du service d’infectiologie du CHRU de Lille.
Porter un masque ou rester à la maison
L’identification de ce second cas confirme la nécessité (et l’efficacité) des enquêtes épidémiologiques diligentées par le ministère de la Santé. Trois ont été initiées : la première concerne les 124 personnes, toutes identifiées, ayant été en contact avec le premier patient. La seconde vise les 39 personnes qui ont participé au même voyage organisé aux Emirats Arabes Unis. La dernière, enfin, inclut 38 personnes, elles aussi toutes identifiées, qui ont été en contact avec le deuxième patient avant son isolement. Des conseils et recommandations ont été donnés à tous. Ils se doivent ainsi de porter un masque en cas de symptômes grippaux, tandis que les sujets les plus proches du second patient ont été priées de rester chez eux dans les jours qui viennent. Ces mesures témoignent selon le ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui s’est déplacée à Lille ce samedi, que « rien n’est laissé au hasard ».
Recommandations aux voyageurs
Cependant, l’inquiétude reste mesurée. D’abord parce que chez les 162 personnes en contact avec le premier patient et toujours sous surveillance, aucun signe d’alerte ne semble devoir être déploré et que désormais « les délais d’incubation sont dépassés » a expliqué la directrice de l’Institut national de veille sanitaire (InVS), Françoise Weber. En outre, si le caractère très pathogène du virus est préoccupant et si sa transmission d’homme à homme est confirmée (notamment par ce second cas français) la circulation du virus demeure très faible. « On est sur un virus qui circule depuis un peu plus d’un an et on a 34 cas alors que pour le SRAS, en quelques mois, on est arrivé à 8 000 cas » a ainsi comparé le professeur Benoît Guéry sur France 2. Il est enfin probable que ce NCoV dont le réservoir est sans doute la chauve souris ne soit qu’imparfaitement adapté à l’homme. Evoquant le deuxième cas, le professeur Pierre Saliou épidémiologiste à l’hôpital du Val de Grâce considère cité par le Figaro : « Le patient a été contaminé par une quantité de virus extrêmement importante pour parvenir à franchir la barrière d'espèce, car ce n'est pas un virus adapté à l'homme ». Néanmoins, les évolutions de ce NCoV demeurent très difficiles à prévoir, tant les zones d’ombre restent importantes. Aussi, le directeur général adjoint de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Keiji Fukuda, de retour d’Arabie saoudite a-t-il appelé aujourd’hui le monde entier à la vigilance. Si les restrictions de voyage ne sont pas à l’ordre du jour, des recommandations spécifiques pour les voyageurs en direction ou de retour d’Arabie saoudite sont déjà en vigueur, notamment en France.
Aurélie Haroche