L’année écoulée est sans aucun doute marquée par le retour en force des allergies de contact aux isothiazolinones.
L’utilisation du méthylisothiazolinone (MI), autorisée dans les cosmétiques en 2005, a augmenté parallèlement à la disparition du méthyldibromoglutaronitrile (interdit depuis 2007) et à la méfiance grandissante vis-à-vis des parabènes et du phénoxyéthanol.
En raison d’une faible activité, le MI est utilisé à une concentration importante.
Le MI est responsable d’eczéma du cuir chevelu et du visage, des mains et de la région péri-anale (lingettes).
Une réaction aéroportée et respiratoire est possible.
Le MI est utilisé non seulement dans les cosmétiques, mais aussi dans certains produits industriels (peintures, gel pour échographie, colle des chaussures…) associé ou non à d’autres isothiazolinones: benzyl et octylisothiazolinones.
Le MI est présent dans la batterie standard européenne en mélange avec le méthylchloroizothiazolinone mais sa concentration n’est pas toujours suffisante pour déclencher une réaction positive. Il faut tester le MI seul, pour les cosmétiques, en plus du mélange, et ne pas hésiter à tester les autres isothiazolinones lorsqu’il s’agit de produits industriels.
L’allergie aux pansements modernes utilisés dans le traitement des ulcères de jambe est un autre sujet d’actualité.
Ces nouveaux dispositifs s’ajoutent aux topiques déjà connus comme pourvoyeurs d’allergie de contact que sont les antiseptiques et les corticoïdes topiques dans cette pathologie à risque.
Dans une étude récente menée sur 248 patients ayant un ulcère de jambe, 19 % présentaient une sensibilisation à un de ces pansements modernes (le Ialuset° crème arrivant en tête de liste). L’acide hyaluronique n’est alors pas en cause mais souvent c’est le déhydroacétate de sodium. Il ne faudrait plus utiliser ce médicament dans les ulcères de jambes.
La colophane modifiée (ester de pentaérythritol de rosine hydrogénée : Pentalyn°) est un autre allergène émergent dans cette pathologie. La colophane de la batterie standard est alors négative.
Le diméthylfumarate que l’on pensait éliminé depuis son interdiction fait toujours parler de lui : de nouveaux cas ont été décrits, le plus souvent avec des chaussures.
Il faut se méfier pour finir, et en bref, de l’huile de nigelle, des accélérateurs de vulcanisation qui font leur réapparition (après la suppression des gants en latex et des médicaments broyés par les infirmières) et qui sont responsables d’eczéma du visage et des mains ayant parfois l’apparence trompeuse d’une dermite séborrhéique ou d’une dermatite atopique.
Dr Geneviève Démonet