Cystectomie totale : réduire l’hospitalisation augmente les complications !

Les pratiques cliniques actuelles ont tendance à raccourcir les durées d’hospitalisation. Mais ne risque-t-on pas dans certains cas d’augmenter les taux de complications et la morbidité à court et moyen terme ? Les auteurs de cette étude rétrospective de l’hôpital d’Ann Arbor (Etats-Unis) apportent des éléments de réponse à cette question en cas d’hospitalisation pour cystectomie totale pour cancer de la vessie. Il en ressort que plus la durée d’hospitalisation est courte, plus le taux de complications à 3 mois est augmenté.

Au total, 829 patients consécutifs ont été inclus entre 2005 et 2012 et répartis en 3 groupes selon la durée d’hospitalisation : 5 jours ou moins (n = 73), de 6 à 9 jours (n = 433), ou 10 jours ou plus (n = 323). Une longue durée d’hospitalisation témoignant de complications particulières, les patients du dernier groupe ont été exclus de l’analyse. Les deux groupes de populations étudiés (5 jours ou moins ou 6 à 9 jours) étaient équivalents en termes d’âge, de sexe, d’ethnie, d’albuminurie pré-opératoire, de score ASA (American Society of Anesthesiologists) et d’IMC. En revanche, les patients du premier groupe avaient moins de comorbidités à l’admission (index de Charlson ; p < 0,001), ont subi plus d’interventions robotisées (p = 0,007) et ont été moins souvent traités par chimiothérapies néoadjuvantes (p < 0,001). Il en ressort que les taux de complications à 3 mois étaient significativement supérieurs en cas d’hospitalisation plus courte (n = 31/73 ; 42,5 %), qu’en cas d’hospitalisation standard (n = 120/433 ; 27,7 % ; odds ratio [OR] = 1,93 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 1,16 à 3,20), et en particulier, il existait deux fois plus de complications majeures (17,8 % vs 7,6 % ; OR = 2,63 ; IC95 de 1,30 à 5,27). Selon l’analyse multivariée, l’hospitalisation courte chez des patients opérés d’une cystectomie totale pour cancer de vessie (≤ 5 jours), comparativement à une durée d’hospitalisation standard, est un facteur de risque indépendant de morbidité à 3 mois (OR = 1,84 ; IC 95 % = 1,03 – 3,29).

Reste à expliquer ces résultats et à déterminer si une hospitalisation plus courte ne pourrait pas toutefois être bénéfique pour une sous-catégorie particulière de patients ? 

Claude Demare

Référence
Ambani S et coll.: Length of stay following radical cystectomy: How long is long enough? Congrès annuel de l’American Urological Association (San Diego, Etats-Unis) : 4-8 mai 2013.

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