Les avantages de la corticothérapie systémique dans les pneumonies communautaires ne sont pas établis, mais son utilisation en pratique clinique semble relativement fréquente. Afin de préciser ce phénomène, une équipe a mené une étude prospective sur des patients adultes atteints de pneumonie communautaire.
Un total de 3 257 malades, admis consécutivement entre juin1997 et janvier 2008 ont ainsi été étudiés. Dans ce groupe, 260 (8 %) ont reçu une corticothérapie durant la première semaine d’hospitalisation, avec une dose quotidienne moyenne de 45mg/j (et une médiane de 36mg/ jour). La durée de ce traitement est fréquemment supérieure à 7 jours (68 % des patients).
Les patients recevant des corticostéroïdes sont significativement plus âgés (74 vs 65ans), ont plus de comorbidités (affections chroniques respiratoires, 59 % vs 38 %, cardiopathies, 29 %vs16 %), et se présentent avec un tableau de pneumonie plus grave (score de gravité de Fine à IV et V pour 76 % des malades du groupe traité par corticoïdes contre 50 % dans le groupe non traité), p<0,01pour chacune des comparaisons.
En analyse multivariée, les facteurs prédictifs significatifs de recours à un traitement corticoïde au cours d’une pneumonie communautaire sont les maladies pulmonaires chroniques obstructives (incluant l’asthme, la bronchite chronique obstructive et l’emphysème) avec un odds ratio (OR) de 1,91 (p<0,01), l’existence d'expectorations (OR de1,59 p=0,02), le taux decréatinine (> à 1mg /dl, OR de 0,92 p=0,03), la fièvre (OR de 0,59 p<0,01), la saturation en oxygène supérieure à 92 % (OR de 0,46, p<0,01), le taux de protéine C-réactive (> à 5 mg /dl; OR de 0,92 p=0,03) et l’insuffisance cardiaque (OR de 1,76).
A score de gravité de la pneumonie égal, la mortalité n’est pas affectée par la corticothérapie : elle est de 6 % dans le groupe traité par rapport à 7 % pour le groupe non traité (p = 0,43). En revanche, la durée du séjour hospitalier apparaît plus longue pour le groupe« stéroïde » avec 9 jours contre 6 jours pour les autres patients (p<0,01).
Les conclusions des auteurs sont que les principales raisons de l'administration de corticoïdes systémiques en cas de pneumonie communautaire sont la présence d’une comorbidité à type d’affection respiratoire chronique ou une présentation clinique particulièrement sévère. Cette thérapeutique n'a pas d'influence sur la mortalité mais semble prolonger la durée d’hospitalisation.
Dr Béatrice Jourdain