L’informatisation des hôpitaux américains en très forte progression

Washington, le jeudi 6 juin 2013 – Si aujourd’hui, selon l’enquête du cabinet Accenture dont les résultats ont été rendus publics fin mai, les médecins américains sont par rapport aux Français, Britanniques, Australiens ou encore Canadiens les plus fréquents utilisateurs des outils informatiques pour l’établissement de leurs dossiers, l’informatisation des données médicales n’est pas toujours allée de soi outre-Atlantique. Certes, dans un rapport alarmiste publié en novembre 2002, l’Académie américaine des sciences faisait du développement de l’informatisation des hôpitaux l’une des priorités pour sauver le système de santé américain. Cependant, quatre ans plus tard, une enquête du Massachusetts General Hospital et de la George Washington University montrait que moins d’un médecin sur dix utilisait les technologies modernes lorsqu’il s’agissait de signaler la prescription de médicaments ou d’analyses médicales. Les réticences des professionnels de santé, médecins ou pharmaciens, s’expliquaient par l’absence de garantie quant à la sécurité des données. Quelques exemples illustres, telles les multiples tentatives d’accès au dossier médical de l’ancien président Bill Clinton avaient en effet défrayé la chronique et incité à la plus grande prudence. D’ailleurs, lorsque les démocrates se tenaient dans l’opposition, ils n’avaient de cesse de critiquer le manque d’engagement sur ce point de l’équipe Bush, qui souhaitait à tout prix développer l’informatisation des données de santé, au point de sacrifier l’exigence de sécurité.

80 % des hôpitaux se sont convertis à l’ère numérique !

De retour au pouvoir, pourtant, les démocrates ont poursuivi le même objectif, avec un succès incomparable par rapport à leurs prédécesseurs. En 2011, l’équipe de Barack Obama lançait ainsi deux programmes sous l’égide de Medicare et de Medicaid destinés à doper l’informatisation des praticiens, pharmaciens et hôpitaux. Ces dispositifs reposaient sur l’obtention de primes allant entre 44 000 et 63 750 dollars sur une période de cinq ans. L’incitation a été payante, puisque selon des chiffres rendus publics le 22 mai par le secrétariat d’Etat à la Santé, le nombre de médecins utilisant l’informatique pour renseigner les dossiers de leurs patients est passé de 17 % en 2008 à 50 % aujourd’hui. Du côté des hôpitaux, la conversion est plus spectaculaire encore, l’informatique est désormais présente dans 80 % d’entre eux contre 9 % il y a cinq ans ! Cette progression correspond aux versements de primes à 291 000 professionnels et à 3 800 centres de santé. L’administration Obama affirme que les résultats de cette mutation s’observent déjà en ce qui concerne la diminution des erreurs médicales, notamment en ce qui concerne les problèmes de prescription et de délivrance de médicaments dans les hôpitaux.

Payés aujourd’hui, taxés demain !

Si les professionnels et hôpitaux américains semblent donc désormais parfaitement convertis à l’ère numérique, de nombreux réglages techniques doivent encore être réalisés pour que le système gagne en efficacité. Ainsi, aujourd’hui, hôpitaux, pharmacies et cabinets individuels utilisent des logiciels souvent très divers, ce qui affecte l’interopérabilité et la sécurité des données. Des recommandations sont attendues dans les prochains mois pour uniformiser les dispositifs utilisés afin par exemple de faciliter la traçabilité d’une prescription d’un établissement à l’autre ou encore la transmission de différents résultats d’analyse. Cet effort de coordination doit s’accompagner d’une nouvelle incitation à l’informatisation, qui ne sera cependant plus positive mais également négative. A partir de 2015, les hôpitaux et les praticiens qui n’utiliseront pas les systèmes informatiques devront en effet s’acquitter d’une taxe.

Aurélie Haroche

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