Les progrès des soins périnatals ont augmenté le taux de survie des grands prématurés (nés avant 33 semaines d’aménorrhée SA). Les séquelles possibles sont neurodéveloppementales et respiratoires. La dysplasie bronchopulmonaire (DBP) demeure un facteur de morbidité respiratoire malgré les progrès de la réanimation. La DBP peut jouer un rôle négatif sur le pronostic neurologique. Elle favorise la survenue de bronchiolites qui à leur tour peuvent influencer ce pronostic.
L’importance des facteurs respiratoires, en particulier des bronchiolites, sur le développement des grands prématurés a été évaluée par les équipes de Nantes et Angers, dans le cadre d’un réseau d’étude prospective des Pays de la Loire. Les enfants ont été examinés de façon standardisée à 3, 6, 9, 12, 18 et 24 mois et ont passé un examen neurologique et des tests de Brunet-Lézine à 2 ans. Ces 2 examens ont abouti à un score de développement global dont la moyenne était de 100 et la maximale de 140. Les scores < 85 ont été considérés comme non optimaux. En l’absence de tests, l’évaluation a été basée sur des questionnaires standardisés des parents fournissant un score global de maximum 300 et non optimal si <185.
La pathologie respiratoire néonatale a été classée en 4 groupes : 1 : pas d’assistance respiratoire ; 2 : oxygène ou pression positive pendant moins de 28 jours ; 3 : DBP bénigne si nécessité d’oxygène ou de pression positive pendant plus de 28 jours mais avant 36 SA : 4 DBP moyenne ou sévère si traitement toujours requis après 36 SA. Les bronchiolites ont été prises en compte si elles avaient nécessité une hospitalisation durant la première année. A 2 ans, les enfants ont été classés selon leur passé respiratoire et leur développement psychomoteur.
De 2003 à 2009, 2880 enfants sont nés avant 33 SA : 19 ont été exclus de l’étude pour malformation et 294 pour absence d’examen à 2 ans, en laissant 2 405. Parmi ceux-ci, 1308 n’ont pas eu besoin d’assistance respiratoire (54,4 % de la cohorte), 864 ont eu de l’oxygène pendant moins de 28 jours (35,9 %), 167 avaient une DBP bénigne (6,9 %) et 66 sévère (2,7 %). En tout 318 (13,2 %) ont eu une bronchiolite. Les facteurs favorisants étaient l’âge gestationnel, le niveau socioéconomique bas et surtout poids de naissance et assistance respiratoire néonatale. A 2 ans, 502 enfants (20,9 %) avaient un développement non optimal. Les risques étaient l’âge gestationnel bas, le sexe mâle, le statut respiratoire néonatal et le niveau socioéconomique. La DBP modérée et sévère augmentait ce risque (Odds ratio ajusté 2,3, intervalle de confiance à 95 % : 1,3-3,9). En revanche, les bronchiolites n’étaient pas un facteur de risque supplémentaire (OR : 1).
En conclusion, la DBP est l’un facteur de risque supplémentaire de retard du développement mais non les bronchiolites.
Professeur Jean-Jacques Baudon