Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est un facteur de risque indépendant d'hypertension artérielle (HTA) et de maladies cardiovasculaires. La prévalence du SAOS est ainsi de 25 à 35 % chez les patients hypertendus non sélectionnés et de 65 à 85 % chez les malades avec une hypertension résistante au traitement. Parallèlement, l’HTA réfractaire se rencontre en cas d’hyperaldostéronisme et d'apport alimentaire élevé en sel.
Des investigateurs ont examiné chez les patients atteints d’HTA réfractaire la consommation de sel alimentaire, le taux d'aldostérone et l’association éventuelle avec un SAOS.
Quatre-vingt-sept patients souffrant d’HTA résistante ont été prospectivement évalués par une polysomnographie et des dosages urinaires des 24h de sodium et d’aldostérone tout en maintenant leur régime alimentaire habituel. L’HTA résistante était caractérisée par une pression artérielle supérieure à 140/90 mmHg à au moins 2 reprises malgré un traitement comprenant 3 anti hypertenseurs. Les causes secondaires d’HTA autres que l’hyperaldostéronisme (HTA rénovasculaire, syndrome de Cushing ou phéochromocytome) étaient un critère d’exclusion de cette étude. L’hyperaldostéronisme a été défini comme une activité de la rénine plasmatique inférieure à 1 ng/ml/h et une excrétion urinaire d’aldostérone supérieure à 12 microg/24h. Concernant les définitions du SAOS, son absence était déterminée par un index d’apnées < à 5/h, de 5 à 14/h, le SAOS était dit léger, de 15 à 29/h le SAOS était modéré et il était considéré comme sévère au-delà.
Le groupe étudié comprend 47,4 % d’hommes, 48,5 % de Noirs et la moyenne d’âge est de 55,2 ans. La pression artérielle moyenne de la cohorte est mesurée à 156,3/88,9 mmHg. Ces malades prennent 4,3 médicaments antihypertenseurs en moyenne : des inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l’angiotensine (61,2 %), des bloqueurs des récepteurs de l'angiotensine (57,3 %), des inhibiteurs calciques (76,7 %), des béta-bloquants (77,7 %) et des diurétiques (91,3 %).La prévalence du SAOS est de 77,3 %, dont 15,5 % de SAOS sévères. L’analyse de régression multiple n’a montré aucune relation significative entre l'index d’apnées et diverses variables parmi la population dans son ensemble. Après une modélisation par étapes, la circonférence du cou apparaît corrélée de façon positive avec l’index d’apnées (p<0,0001).
Vingt-huit patients (28,9 %) ont un hyperaldostéronisme. Dans ce sous-groupe, le débit urinaire de sodium, le sexe (masculin) et la circonférence du cou sont associés positivement à l’index d’apnées.
Ces résultats suggèrent donc que l’apport en sel alimentaire est un facteur prédictif indépendant de la gravité du SAOS chez les patients ayant une HTA avec hyperaldostéronisme. Un régime hyposodé pourrait réduire la gravité du SAOS chez ces malades.
Dr Béatrice Jourdain