Projet X

Berlin, le samedi 22 juin 2013 – Permettre aux femmes d’abandonner leurs enfants à la naissance dans des conditions préservant leur anonymat et la sécurité des nouveau-nés est un casse tête auxquels les états apportent des réponses différentes.  En la matière, une fois n’est pas coutume, la France propose un dispositif souvent « envié » à l’étranger : l’accouchement sous X, même si ce dernier a été souvent contesté dans l’hexagone, notamment parce qu’il ne garantirait pas suffisamment le "droit" de connaître leurs origines aux enfants ainsi mis au monde.

Défaut d’harmonisation

C’est pourtant parce que l’accouchement sous X est une méthode qui offre des possibilités bien plus grandes sur ce point par rapport aux « boîtes à bébé » que le Bundestag en Allemagne vient d’adopter en première lecture une loi légalisant cette pratique. Outre-Rhin, pour les mères jugeant ne pas pouvoir élever leur enfant il existe diverses solutions. Les « boîtes à bébé » ont ainsi réapparu en 1999 : on en compte une centaine dans tout le pays. Elles répondent à des modes de fonctionnement divers (concernant notamment le délai observé par les institutions avant d’avertir l’état civil, période pendant laquelle la mère peut revenir chercher son enfant). Par ailleurs, quelques 130 cliniques permettent en dehors de tout cadre légal un accouchement anonyme. En 2009, le Comité d’éthique avait considéré que ces systèmes devaient disparaître en raison de leur absence d’harmonisation et de l’impossibilité pour les enfants de retrouver leur mère. Aussi l’idée a germé d’autoriser l’accouchement sous X, avec conservation de l’identité de la mère, qui pourra, en accord avec cette dernière et en cas de demande de l'enfant, être révélée, a-t-elle germé. C'est l’objet du texte de loi adopté par le Bundestag, proposition qui « prend en compte le souhait d’anonymat de la mère et le droit de l’enfant à connaître ses origines » constate le député conservateur Ingrid Fischbach. A terme, dans les trois ans suivant l’application de la nouvelle loi, s’il apparaissait qu’elles n’étaient dès lors plus utiles, ce texte pourrait entraîner la disparition des boîtes à bébé.

Boîtes à bébés et accouchement sous X : le cocktail gagnant !

Ces dernières sont de fait critiquées de toute part, tant par l’ONU (en raison de l’impossibilité pour les enfants de connaître leurs origines) que par des associations telles que Terre des hommes. Cette dernière estime en effet qu’en Allemagne, elles n’ont pas contribué à faire reculer le nombre d’infanticides. En effet, alors que 278 bébés auraient été déposés dans des « boîtes » entre 1999 et 2010, 313 nouveau-nés ont été retrouvés morts nés durant la même période. A contrario, beaucoup jugent en France que la possibilité de l’accouchement sous X a une influence nette sur le risque d’infanticide. Mais d’autres estiment que la possibilité de donner la vie dans l’anonymat ne remettra pas totalement en cause l’utilité des boîtes à bébé. « Tout dispositif favorisant la prise en charge de la mère et de son enfant par une équipe médicale est le bienvenu, mais la plurarité des options permet de toucher un maximum de femmes en détresse » considère Matthias Kopp, porte-parole de la conférence épiscopale allemande (nombre de boîtes à bébés sont gérées par l’Eglise). De même, la responsable du soutien aux femmes enceintes au Service social des femmes catholiques, Regine Hölscher-Mulzer note : « On peut imaginer que certaines femmes préféreront rester dans un complet anonymat ».

Aurélie Haroche

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