Les données épidémiologiques sur les fractures de hanche ostéoporotiques du senior sont nombreuses. En revanche, ces dernières sont beaucoup plus rares chez les sujets de plus de 80 ans, qui représenteront pourtant plus de 25 % de la population en 2050. Les résultats de cette étude nord américaine permettent en partie de pallier à ce manque.
Le NIS (Nationwide Inpatient Sample) est une base de données nord américaine très fréquemment utilisée pour analyser, identifier, ou suivre, les tendances en matière de santé publique, de recours aux soins et de frais médicaux. Le NIH permet d’accéder à des données concernant plus de 37,5 millions d’hospitalisations par an.
En se basant sur le NIH, les auteurs de cette étude ont analysé toutes les hospitalisations d'individus âgés de plus de 80 ans survenues entre 1993 et 2008 avec un diagnostic de fracture de hanche non traumatique.
Au total, 2,88 millions d'hospitalisations pour fracture de hanche ostéoporotique sur 150,98 millions personnes années de suivi de sujets de plus de 80 ans, ont été rapportées entre 1993 et 2008 dont 2,26 millions chez des femmes et 626 000 chez des hommes.
Les hospitalisations pour fracture chez les femmes âgées ont diminué en nombre absolu de 136 956 en 1993 (2,618 pour 1000 personne année) à 136 494 en 2008 (1,874 pour 1000 personnes années) alors que dans le même temps la population des femmes âgées de plus de 80 ans augmentait de 39 % (5,2 millions en 1993 à 7,2 millions en 2008).
En revanche, chez les hommes âgés de plus de 80 ans, les hospitalisations pour fracture de hanche ostéoporotiques ont augmenté en nombre absolu de 35 252 (1993) à 43 934 (2008) alors que la prévalence pour 1000 personnes années diminuait de 1,427 (1993) à 1,100 (2008).
Cette augmentation des hospitalisations en dépit de la baisse de prévalence pour 1000 personnes année s’explique par l'augmentation rapide du nombre d'homme âgés de plus de 80 ans (+ 61,6 %) : 2,47 million d'individus en 1993 pour 3,99 millions en 2008. Ce groupe de population âgé de plus de 80 ans augmente régulièrement grâce à la baisse de la mortalité cardiovasculaire et à une meilleure prise en charge médicale.
La fracture de hanche ostéoporotique pose ainsi un problème croissant en termes de santé publique, en particulier chez les personnes très âgées car elle est associée à une espérance de vie réduite, une perte d'indépendance, et une entrée en institution. Des mesures doivent être prises pour endiguer ce phénomène.
Chez la femme, les hospitalisations diminuent probablement en raison de la prise en charge de l'ostéoporose jusqu'à un âge avancé. Chez le vieil homme, une prise en charge de l'ostéoporose est également indispensable.
Dr Juliette Lasoudris Laloux