
Los Angeles, le samedi 29 juin 2013 – Le développement des implants cochléaires a révolutionné la prise en charge de la surdité. Cependant, ces dispositifs ne permettent pas de répondre aux spécificités anatomiques de tous les patients. Ils se révèlent notamment inefficaces lorsque le nerf cochléaire n’est plus fonctionnel au-delà de la cochlée. Les cas sont rares mais divers : « fracture du rocher bilatérale avec ossification, malformation cochléaire majeure, neuropathie axonale, labyrinthite ossifiante bilatérale ou encore tumeur de la fosse postérieure au voisinage du nerf auditif » énumère la Haute autorité de Santé (HAS) dans une fiche consacrée aux implants auditifs.
Transformation des sons en ondes électriques
Depuis 1979, une technique existe pour répondre à ces cas spécifiques, développée par l’House Ear Institute (Los Angeles). Il s’agit d’un implant auditif dit « de tronc cérébral ». En pratique, ce dispositif se présente en deux parties. Une partie externe se compose d’un microphone placé derrière le pavillon de l’oreille. Celui-ci transmet les sons à l’implant interne (une sorte de puce) placé sur « la paroi du quatrième ventricule, où se trouvent les axones et le noyaux cochléaire » explique un site canadien spécialisé. Les sons sont alors transformés en ondes électriques et ces dernières sont renvoyées vers des mini électrodes implantées sur le noyau cochléaire.
Des yeux ronds
Pour l’heure, seuls des adultes avaient pu bénéficier de cette technologie. Pour la première fois, un enfant, Grayson Clamp, âgé de trois ans, sourd depuis la naissance en raison d’une malformation cochléaire, a reçu un tel implant. Il était cette semaine la vedette du web dans le monde entier grâce à la diffusion d’une vidéo où on le voit « entendre » pour la première fois. Lorsque son père lui souffle « Dady loves you », le petit garçon ouvre des yeux ronds de stupéfaction.
Qu’ouïs-je ?
Si ces images ne manquent pas d’être stupéfiantes et attendrissantes, la mère du petit garçon précise cependant : « Nous ne savons pas ce qu’il entend exactement. Son cerveau est encore en train d’organiser tout ça ». De fait, une rééducation orthophonique et audiologique est indispensable après la pose d’un tel implant. Par ailleurs, la HAS assure que ces implants « permettent une restauration limitée de l’audition. Ils restituent la perception des sons environnementaux et améliorent les capacités de communication ». De son côté le site canadien « Lobe » dédié à la santé auditive affirme que « 84 % des patients ayant subi l’implantation sont satisfaits des résultats et la conseilleraient à d’autres personnes ».
L’exemple de Grayson Clamp montre en tout état de cause que devrait s’engager une réflexion sur l’élargissement des catégories de patients pouvant prétendre à l’utilisation de ce type d’implants.
Aurélie Haroche