A l’origine de l’affaire Furosémide : une vieille dame trop consciencieuse

Paris, le mercredi 10 juillet 2013 – L’enfer est pavé de bonnes intentions. Les responsables des laboratoires Teva semblent avoir décidé de faire leur cette maxime et de ne se souvenir que des « bonnes intentions » en oubliant l’enfer. Car le mystère Furosémide qui a tenu en haleine pendant au moins dix jours pouvoirs publics, journalistes et amateurs de scandales sanitaires a enfin été résolu. En fait d’erreurs de fabrication, de dysfonctionnements de la chaîne de production ou même d’une malveillance (destinée à dénoncer les cadences infernales !) il n’y avait qu’une vieille dame un peu trop consciencieuse.

J’ai oublié de vous dire, je remets toujours mes médicaments non pris dans les blisters !

Libération révèle en effet que la patiente qui s’est présentée dans une pharmacie de Saint Malo un jour de juin en signalant avoir découvert un comprimé de zopiclone dans une boîte de Furosémide Teva avait en réalité provoqué elle-même (non intentionnellement) cette inversion. Quand elle ou son époux achète une nouvelle boîte de comprimés, quelle qu’elle soit, elle les déverse consciencieusement dans un pilulier. Et quand à la fin de la semaine, il reste des gélules non prises, elle les remet minutieusement dans les blisters en prenant bien soin de refermer l’opercule. C’est ainsi que s’est produite l’interversion constatée par la préparatrice en pharmacie de Saint Malo. L’officine a-t-elle trop rapidement donné l’alerte ? Il est en tout cas certain que l’obtention des précisions demandées à la patiente s’est faite à retardement. Après avoir assuré que son mari (auquel était en fait destiné le Furosémide) n’était pas traité par zopiclone, la vieille dame est revenue plus tard pour signaler qu’elle, par contre, prenait ce somnifère. Et ce n’est également qu’après coup qu’elle évoque devant la préparatrice son rangement des pilules à chaque fin de semaine « pour ne rien perdre ». Les zones d’ombre du témoignage de la patiente n’ont cependant pas immédiatement alerté le pharmacien et sa préparatrice qui interrogés par France 3 avaient assuré qu’il avait fallu forcer l’opercule pour faire tomber le comprimé.

Tout le monde il est beau, tout le monde il a bien fait !

Les laboratoires Teva en prendront-ils ombrage ? Ils ont choisi de se montrer magnanimes : « Dans cette affaire, tout le monde est de bonne foi, il n’y a pas de malveillance, ni de volonté de nuire, juste la maladresse d’une dame âgée » a observé Erik Roche patron de Teva au micro d’Europe 1, avant d’assurer qu’il n’y aurait pas de poursuites judiciaires. Faut-il cependant regretter un empressement regrettable du laboratoire et des autorités sanitaires ? Bien sûr que non : « L’entreprise a pris les bonnes démarches (…). C’est une démarche lourde de conséquences mais c’est une démarche de précaution nécessaire. C’est une bonne chose » s’est félicitée sur les mêmes ondes Marisol Touraine.

Bref, "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles" comme le pensait Leibnitz.

Aurélie Haroche

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