
Le coronavirus Middle East Respiratory Syndrome (MERS-CoV), identifié en septembre 2012 est un virus respiratoire appartenant à la même famille que celui du SRAS qui a émergé en 2002-2003. Au 27 août, la situation internationale était de 94 cas (dont 47 décès) répartis dans 8 pays. Une équipe de l’Institut Pasteur à Paris a tenté d'évaluer le risque pandémique de ce virus émergent, en s’appuyant sur l’analyse des groupes de transmission des cas publiés. Les chercheurs ont envisagé deux scénarios et calculé pour chacun, via un modèle mathématique, le coefficient de reproduction de base de l'infection (R0, nombre de cas secondaires provenant d’un cas index infectieux dans une population sensible). Dans le cas d'une épidémie, le R0 doit être au minimum de 1. Dans le scénario le plus pessimiste, ce dernier est estimé à 0,69 (0,5-092 pour un intervalle de confiance de 95 %). Pour comparaison, le R0 du SRAS-CoV était de 0,8 (0,54-1,13 pour un IC 95 %) en Asie du Sud Est en période pré-pandémique.
Cette évaluation dépend évidemment de la qualité du système de surveillance, qui permet d'isoler les cas index et qui tend à s'améliorer avec le temps, mais aussi de la possibilité d'infections asymptomatiques, de la saison, et d'événements tels que de grands rassemblements favorisant la promiscuité. De plus, le virus peut évoluer par lui-même via des mutations qui favorisent son adaptation à l'homme, comme l'avait fait le SARS-CoV en quelques mois. Le MERS-CoV, lui circule depuis plus d’un an et n’a toujours pas muté dans une forme pandémique.
Pour toutes ces raisons, l'équipe estime que le MERS-CoV, n'est pas, sous sa forme actuelle, potentiellement pandémique. Pour autant, ils estiment qu’il est urgent d'identifier l'animal réservoir et d'éventuels hôtes intermédiaires (chauve-souris et dromadaire sont fortement soupçonnés) pour tenter d’enrayer la transmission vers l'homme, et de maintenir une surveillance mondiale des cas suspects pour diagnostiquer, traiter et isoler le plus tôt possible les nouveaux patients.
L'OMS considère à ce jour la situation comme sérieuse mais pas dangereuse, et n'a pas recommandé de contrôles à l'entrée des pays, ni de restrictions des voyages ou des échanges commerciaux.
Dr Muriel Macé