
Paris, le mercredi 18 septembre - Cinq ans après la réforme de leur cursus, si les étudiants en soins infirmiers ont noté des améliorations en termes de pédagogie et de transmission des savoirs ils déplorent l’absence d’avancées susceptibles d’améliorer leur situation sociale et dénoncent un climat tendu difficilement supportable psychologiquement. Réagissant à cette détérioration des conditions de vie et d’apprentissage des étudiants en soins infirmiers (ESI) la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) lance une campagne pour alerter les pouvoirs publics baptisée « Campagne inégalité ».
Inégalités sociales
Alors que tout étudiant dans l'enseignement supérieur peut bénéficier (sous certaines conditions) d'une bourse attribuée par le CROUS, un étudiant en soins infirmiers, lui, ne percevra qu'une aide d'un montant inférieur. Ces aides spécifiques aux étudiants en soins infirmiers (ESI) ne sont pas gérées par le CROUS mais par les régions dans les quelles vivent ces étudiants. Ainsi ils n'ont pas accès aux aides du CROUS à l'exception depuis peu de la Basse Normandie depuis peu. Ce statut dérogatoire seraient la sources d’inégalités sociales. Ainsi Karine Durand, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI), s’indigne : « Nous constatons chaque année une augmentation inquiétante de la précarité des étudiants en soins infirmiers (ESI), jusqu’à parfois, les pousser à arrêter leur formation » avant de souligner la difficulté pour les syndicats d’améliorer les conditions de vie des étudiants qu’ils représentent : « chaque année, nous devons prendre nos bâtons de pèlerins et faire le tour de la France pour obtenir ce qui devrait normalement être systématique ».
Le syndicat met aussi en lumière un autre problème : de fortes disparités régionales. Un ESI boursier à l’échelon 3 touche 2 749 euros par an en Aquitaine et 2 887 euros en Alsace, par exemple.
Il y aurait enfin un problème de transport pour les ESI. Certains étudiants se trouveraient contraints de payer pour aller en stage, les frais de déplacement n’ayant pas été réévalués. Et dans la mesure où chaque IFSI (Institut de formation en soins infirmiers) s’organise de manière discrétionnaire, les inégalités régionales s’en voient encore accentuées.
Manque de considération
Au delà de ces revendications financières le syndicat dénonce un certain mal-être étudiant « de plus en plus souvent, des étudiants viennent se plaindre à nous d’un manque de considération et d’écoute au sein même des instituts qui les forment. Un paradoxe, quand justement on vous inculque des valeurs à l’opposé de ça. »
La Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers assure ainsi qu’elle enregistre une augmentation du nombre d’étudiants faisant appel à ses services pour des problèmes de souffrances psychologiques. « Il semble que les étudiants souffrent d’un manque d’écoute évident », assure la fédération. « Ils sont soumis à de profonds jugements de valeur, à des évaluations influencées par des a priori, des commentaires qui n’ont pas lieu d’être ».
Trois étudiants interrogés par le magazine bourguignon Miroir Mag dénoncent ainsi pèle mêle des pressions psychologiques engendrées par leur système de formation : remise en cause de la pédagogie, flexibilité des horaires pour aider les collègues aides-soignants au coucher, au repas,…
Ces trois étudiants relèvent néanmoins la "bienveillance" vécue lors des stages en centre hospitalier spécialisé « les conditions et surtout le public peuvent sembler difficiles, mais tout est fait pour nous intégrer et participer aux soins notamment ».
Mais même en centre hospitalier spécialisé la situation ne serait pas toujours idyllique selon le syndicat : « certains professionnels font vivre, sciemment ou inconsciemment, de réelles situations de mal être aux étudiants ».
Juliette, l’une des élèves infirmières interrogées par le magazine confirme : « la pression supplémentaire du personnel encadrant est parfois difficile à supporter » et en veut pour preuve le nombre important d’élèves s’étant mis à fumer !
Ce blues en blouses blanches, aussi bien dû à des problèmes sociaux réels qu’a un ‘ressenti’ sera bien difficile à résoudre…
Frédéric Haroche