Ankara, le samedi 19 octobre 2013 - Le site archéologique de Seyitömer Höyük en Turquie est un gisement précieux d'ossements et d'objets riche d’enseignements sur la vie aux second et troisième siècles de notre ère dans cette partie du monde qui a accueilli tant de peuples. Mais des éléments bien plus anciens ont pu également être retrouvés, tel en 2010, des corps datant de 4 000 ans. La découverte la plus marquante ne fut cependant pas celle de ces restes très anciens, mais la mise à jour dans l'une des boites crâniennes d'un cerveau. Si les 4 000 printemps de ce cerveau n'en font pas le plus vieux déterré à ce jour (un cerveau de 1000 ans son aîné a été retrouvé en Arménie en 2009), son état de conservation rarement égalé ne pouvait qu'attiser la curiosité des chercheurs. L'énigme provenait notamment du fait que contrairement à d'illustres exemples, telle la momie Otzi, le cerveau n'avait pas traversé les âges dans un froid sibérien.
L'équipe turque qui l'a découvert vient de percer à jour le mystère et publie ses conclusions dans le Journal de biologie humaine comparée. En analysant les sédiments dans lesquels avaient été retrouvés quatre corps, ils ont tout d'abord conclu qu'un tremblement de terre et un incendie avaient sans doute laissé prisonniers les quatre malheureux et favorisé, en évitant une trop importante humidité, leur préservation.
Un cerveau dont on n'a pas rien à cirer
Mais plus encore ils ont observé que ces sédiments, riches en potassium, aluminium, bore et magnésium avaient, en contact avec les acides gras des corps, produit de l'adipocire. Or, on le sait cette substance blanchâtre et savonneuse (proche de la cire donc) peut dans de rares cas, lorsque la température et les conditions d'humidité sont adéquates, éviter la putréfaction des corps. Voilà qui permet d'expliquer l'excellent état du cerveau de 4 000 ans, un spécimen dont l'étude pourrait offrir de nombreux autres enseignements.
Lea Crébat
