
La dysplasie broncho-pulmonaire constitue encore l’une des principales complications de la prématurité. Selon certains travaux, le poids de naissance de 75 % des enfants affectés par la dysplasie broncho-pulmonaire est inférieur à 1 000 g. Le risque augmente en même temps que décroît le poids de naissance, avec une incidence estimée à 85 % pour les prématurés pesant entre 500 et 699 g et de 5 % seulement pour ceux dont le poids de naissance est de plus de 1 500g. Chez les plus grands prématurés, un apport si minime soit-il d’oxygène et une ventilation mécanique peuvent être à l’origine d’une dysplasie broncho-pulmonaire.
Les poumons des grands prématurés sont en effet structurellement immatures, manquent de surfactant et ne sont pas protégés par une paroi thoracique suffisamment rigide. C’est pourquoi la ventilation par voie nasale en pression positive continue (PPCN) a été proposée à la place de l’intubation, dès le début de l’assistance ventilatoire en salle d’accouchement. Les résultats de certains essais évaluant son efficacité par rapport à l’intubation sont jusqu’ici contradictoires et ne permettent pas une conclusion définitive. Une méta-analyse de 4 essais randomisés apporte quelques éléments supplémentaires. Dans les 4 essais, 1 296 nouveau-nés au total ont bénéficié de la PPCN immédiate et 1 486 d’une intubation. Aucune différence n’est constatée entre les deux groupes en termes de décès (Risque relatif [RR] 0,88 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 0,68 à 1,14). En revanche, l’analyse poolée des résultats montre qu’avec la PPCN, 1 nouveau-né supplémentaire sur 25 arrive à 36 semaines d’âge corrigé sans dysplasie broncho-pulmonaire, par rapport aux nouveau-nés intubés (RR 0,91 ; IC 0,84 à 0,99).
Les auteurs mettent en garde toutefois contre une généralisation de ces résultats, certains biais méthodologiques n’étant pas à écarter, d’autant qu’aucun des essais n’avait été réalisé en aveugle. Notons aussi qu’aucun des essais n’incluait d’enfants de 23 semaines d’âge gestationnel et un seul incluait des enfants de 24 semaines, deux groupes à très haut risque et nécessitant souvent une intubation immédiate.
Dr Roseline Péluchon