Toujours trop de sodium et pas assez de potassium !

L’apport en sodium et en potassium joue un rôle dans l’hypertension artérielle (HTA). En effet, un apport sodique excessif favorise le développement d’une HTA et un apport faible en potassium augmente le risque d’HTA.

Les enquêtes nationales effectuées aux Etats Unis ont montré que les américains consommaient bien plus que les 2,3 g/jour de sodium conseillés, au maximum, par les recommandations et bien moins que les 4,7 g/jour de potassium, fixés par ces mêmes recommandations.

Cependant, il existe peu de données concernant l’évolution de la consommation de sodium et de potassium durant ces dernières années au aux Etats Unis.

C’est ce qui a conduit Meyer et coll. à réévaluer la question à partir des données de la Minnesota Heart Survey, enquête qui permet de surveiller les facteurs de risque cardiovasculaire d’une population âgée de 25 à 74 ans vivant dans la zone urbaine de Minneapolis–St. Paul.

Les enquêtes ont été menées sur plusieurs périodes : 1985–1987 (n=2 273 participants), 1990–1992 (n=2 487), 1995–1997 (n=1 842), 2000–2002 (n=2 759) et 2007–2009 (n=1 502).

Les quantités de sodium et potassium ingérées par 24 heures étaient estimées à partir des déclarations des participants qui devaient, par ailleurs répondre à un questionnaire, et aux interrogatoires menés par un personnel entraîné et diplômé de l’University of Minnesota Nutrition Coordinating Center.

Pendant ces 22 dernières années :
-dans la population masculine, la consommation respective de sodium et de potassium, ajustée pour l’âge est restée relativement stable en 1985– 1987 et en 2007–2009 (p pour la tendance =0,41 et 0,29, respectivement) ; la quantité de sodium ingérée quotidiennement a varié entre 3 ,820 g/jour (en1995–1997) et 3, 968 g/jour (en 2007–2009) ; la quantité de potassium ingérée quotidiennement était comprise entre 3,111 g/jour (en 2000–2002) et 3,249 g/jour (en 1995–1997) ;
-dans la population féminine, la consommation respective de sodium et potassium a augmenté, passant, pour le sodium, de 2,531 g/jour en 1985–1987 à 2,854 g/jour en 2007–2009 (p pour la tendance=0,001) ; et, pour le potassium, de 2,285 à 2,533 g/jour (p pour la tendance <0,0001).

L’ingestion de sodium et de potassium est restée stable ou a augmenté dans certains sous-groupes stratifiés selon l’âge, le niveau social et l’indice de masse corporelle.

En conclusion, malgré les recommandations de santé publique diffusées depuis longtemps par les sociétés américaines de cardiologie, la consommation journalière de sodium reste supérieure aux 2,300 grammes préconisés. De plus, même s’il est vrai que la consommation quotidienne de potassium a pu augmenter dans certains sous-groupes, en moyenne, elle est restée significativement faible tout au long des 22 années de l’étude.

Dr Robert Haïat

Référence
Meyer KA et coll. : Twenty-Two-Year Population Trends in Sodium and Potassium Consumption: The Minnesota HeartSurvey. J Am HeartAssoc. 2013; 2:e000478. doi: 10.1161/JAHA.113.000478)

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Vos réactions (4)

  • "Sels" de potassium pour le grand public ?

    Le 14 novembre 2013

    Et pourquoi ne pas promouvoir l'utilisation des "sels de potassium" par le grand public, alors qu'ils sont déjà disponibles dans les magasins pour "régime sans sel" ?
    Risque d'hyperkaliémie chez certains patients ? Y aurait-il tant de patients concernés quand on voit le risque de poussée HTA/décompensation d' IVG dans le reste de la population ?

    Dr David Azerad

  • Substitution

    Le 14 novembre 2013

    Cela fait quelques années que je recommande l'usage de losalt (http://www.losalt.com/fr/), chez tous les hypertendus que je soigne et dont l'anamnèse fait ressortir qu'ils ont des difficultés à réduire leur apport de sodium en diminuant le NaCl. Il y des accro au sodium.
    Je souligne bien que ce sel qui chez nous, en wallonie, est en vente dans les grandes surface est un bon sel pour toute la famille.

    Dr Marc Dujardin

  • Natriurèse plus élevée ou non chez les sujets qui consomment plus de sel ?

    Le 15 novembre 2013

    Cet article, comme beaucoup d'autres, ne dit rien de la natriurèse des sujets.
    A l'exception du diabète sodé, heureusement peu fréquent, où l'élévation de la chasse rénale du sodium par les urines explique bien une consommation plus grande de sel, comment expliquer chez certains sujets un attrait plus grand pour le sel ?
    Comment expliquer qu'une élévation de la consommation de sel puisse se vérifier chez des sujets qui ne sont pas hypertendus sans évoquer une élimination rénale plus élevée ?

    Dr Jean Minaberry, endocrinologue, diabétologue, nutritionniste, Bordeaux
    jeanminaberry@hotmail.com

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