
Toutes les femmes atteintes d’un cancer mammaire traité par tumorectomie ont une radiothérapie externe du sein en postopératoire. Cette stratégie adjuvante a pour objectif de réduire les récidives locales et la mortalité. Pour répondre au dilemme clinique lié à un accès limité à la radiothérapie pour de nombreuses patientes, une équipe internationale a décidé d’évaluer l’intérêt de la radiothérapie peropératoire ciblée, avec une dose unique d’irradiation, par rapport à la radiothérapie externe fractionnée postopératoire. D’où le lancement de l’étude TARGIT-A (TARGeted Intraoperative radio Therapy Alone)1.
Cette étude multicentrique (33 centres, 11 pays), randomisée, de
non-infériorité, a inclus 3 451 femmes de plus de 45 ans ayant eu
un traitement conservateur pour un carcinome canalaire invasif et
suivies en moyenne pendant 2 ans et 5 mois. En raison de la
présence de facteurs de risque de récidive locale lors de l’analyse
histologique définitive, une radiothérapie conventionnelle
supplémentaire a été nécessaire chez 15,2 % des femmes du groupe
radiothérapie ciblée.
Les résultats à 5 ans montrent qu’il n’y a pas de différence
significative du risque de récidive locale entre les deux groupes :
3,3 % après radiothérapie peropératoire ciblée versus 1,3 %
après radiothérapie conventionnelle (p = 0,042). Même constat pour
la mortalité du cancer du sein qui est de, respectivement, 2,6 % et
1,9 % (p = 0,56), mais pas pour la mortalité non liée au cancer du
sein qui est plus basse après radiothérapie peropératoire (1,4 %
versus 3,5 % ; p = 0,0086). Enfin, la mortalité globale ne diffère
pas significativement en fonction du type de radiothérapie (3,9 %
versus 5,3 % ; p = 0,099).
Dans un éditorial associé (2), deux spécialistes montpelliérains
soulignent que ces résultats renforcent leur conviction que « la
radiothérapie peropératoire au cours du traitement conservateur du
cancer du sein est une alternative fiable à la radiothérapie
conventionnelle postopératoire, mais seulement dans une population
soigneusement sélectionnée de patientes à faible risque de récidive
locale ».
Dr Laure Labaune