
Aujourd’hui, grâce aux nouvelles thérapeutiques anticancéreuses, environ 80 % des enfants traités pour un cancer vont survivre, mais en revanche ces traitement peuvent avoir des conséquences importantes notamment l’hypofertilité.
Conséquences ovariennes (1)
L’insuffisance ovarienne aiguë définitive est présente en cas d’irradiation directe > 20 Gy sur les ovaires et en cas d’irradiation totocorporelle (en vue d’une greffe pour leucémie) : 60 % de risque et 80 % si la greffe a lieu pendant l’adolescence. En cas de chimiothérapie pour transplantation médullaire (alkylants), le risque est de 80 %. En cas de chimiothérapie conventionnelle (Hodgkin chez l’adolescent), le risque d’insuffisance ovarienne est inférieur à 6 %. Les oncologues proposent donc maintenant systématiquement une cryopréservation des ovaires.
Pour évaluer la réserve ovarienne, le taux d’AMH est un marqueur très précoce (diminution dès 8 ans avant la ménopause) (seuil de 21 pmol/l entre 20 et 35 ans), puis l’inhibine B et enfin l’augmentation de la FSH débute 5 ans avant la ménopause. Il existe aussi un risque de ménopause précoce (médiane 44 ans, soit 10 plus tôt que la moyenne générale), qui incite à informer les patientes et à conseiller autant que possible de ne pas retarder la grossesse.
Insulinorésistance après cancer dans l’enfance (2)
On observe chez ces patients un profil métabolique particulier avec le développement précoce de facteurs de risque : HTA, dyslipidémie, obésité centrale, insulinorésistance : un syndrome métabolique précoce, avec complications cardiovasculaires. Chez 500 enfants ayant reçu une irradiation crânienne et suivis sur une médiane de 28 ans, on observe une augmentation de la prévalence du syndrome métabolique et une augmentation de l’obésité, associée à des taux bas de GH. L’adiponectine est diminuée, la leptine est augmentée. Les patients ont un aspect clinique dysmature, de petite taille, avec lipoatrophie en particulier du visage rappelant les patients sous traitement antirétroviral. Une étude sur 91 patients a comparé la prévalence de l’insulinorésistance selon les traitements : en cas de chimiothérapie avec greffe de moelle (soit une irradiation totocorporelle), la prévalence de l’insulinorésistance est de 88 % ; cette anomalie n’est pas expliquée par la présence d’un déficit en GH ; on observe par ailleurs une redistribution des graisses en faveur de la graisse viscérale.
Conséquences thyroïdiennes du traitement des cancers de l’enfant (3)
30 % des enfants traités pour cancer peuvent avoir des conséquences thyroïdiennes. Les effets des radiations ionisantes sont directs et indirects et peuvent entraîner :
- Hypothyroïdie : le plus fréquent ; dans les 5 ans après
la radiothérapie et proportionnelle à la dose (risque > 50 % si
dose > 45 Gy dans le Hodgkin)
- Dystrophie nodulaire : la prévalence des nodules augmente de
3,5 fois après irradiation (2 % par an) ; la cytoponction est
conseillée dès 7-8 mm.
- Cancer : le risque est important en cas d’irradiation avant
l’âge de 10 ans, de dose < 30 Gy (au-delà il y a une destruction
du tissu) ; il n’y a pas de surrisque après l’âge de 15 ans.
L’incidence cumulée du risque est augmentée chez la femme, en cas
de dose 20-30 Gy, en cas d’association de chimiothérapie et de
radiothérapie (surtout si dose < 20 Gy), en cas de Hodgkin
(risque maximal).
Ces cancers radioinduits ont cependant un pronostic identique et la prise en charge doit être la même que dans les cas sporadiques, même s’il y a plus de microcancer, plus de métastases ganglionnaires et de récidive.
Dr S. Girard