Quand la France n’utilise pas ce qu’elle exporte…

Paris, le samedi 7 décembre 2013 – En novembre 2012, nous apprenions que le magazine scientifique Discovery Series avait sacré le Français Bertin Nahum parmi les entrepreneurs les plus remarquables du monde. La création de Rosa, robot chirurgical spécialisé en neurologie lui avait valu cette distinction. Pourtant, le dispositif présent dans une quinzaine d’hôpitaux dans le monde est encore boudé par les établissements français. Le cas de Bertin Nahum n’est malheureusement pas une exception. Les hôpitaux français sont souvent les derniers à accueillir les innovations technologiques fabriquées dans l’hexagone.

La biopsie optique, une révolution française

Un autre exemple a été mis en lumière cette semaine : Cellvizio. Ce dispositif conçu par l’entreprise française Mauna Kea est le « plus petit microscope du monde basé sur une minisonde confocale, utilisé lors des procédures endoscopiques pour obtenir une imagerie microscopique » peut-on lire sur le site de la Société Française d’Endoscopie Digestive. Cellvizio, conçu et fabriqué en France, permet de disposer « d’images haute résolution des tissus au niveau cellulaire » explique encore Mauna Kea. Plusieurs essais cliniques ont récemment évalué son utilité. Dernier exemple en date, lors du 31ème Congrès mondial d’endo-urologie à la Nouvelle Orléans, le professeur Joseph C. Liao de l’Université de Stanford a présenté des résultats confirmant l’atout représenté par Cellvizio dans le cadre de prostatectomie radicale assistée par robot. Le plus petit microscope du monde a en effet permis en temps réel la visualisation de la prostate et des tissus environnants. « Lors d’une prostatectomie radicale, la réussite de l’opération en termes fonctionnels et oncologiques dépend de façon critique de notre capacité à identifier et disséquer avec la plus haute précision les différents plans tissulaires. Le recours à la biopsie optique peut permettre aux chirurgiens de mieux visualiser et de caractériser certains marqueurs importants tels que les faisceaux neurovasculaires, ce qui pourrait avoir un effet déterminant sur le guidage per-opératoire du geste chirurgical et ainsi améliorer le traitement des patients. Ces derniers résultats chez les patients traités lors de procédures de prostatectomies robotisées indiquent que la biopsie optique par Cellvizio pourrait également jouer un rôle déterminant dans le traitement de nombreux patients atteints d’un cancer de la prostate», avait expliqué le praticien.

Assistant virtuel à l’endomicroscopie

Déjà révolutionnaire, Cellvizio a encore accru son champ d’action avec le lancement récent d’EVA, « premier assistant virtuel à l’endomicroscopie », un système d’exploitation de biopsie optique, précise Mauna Kea. « Cette avancée majeure sera particulièrement bénéfique pour la biopsie optique. EVA est une véritable révolution, à la fois pour l’endoscopie et la chirurgie » a salué le docteur David Carr-Locke, chef du service de gastroentérologie au Beth Israel Medical Center de New York.

Silicon sentier

Stanford, New-York : les meilleurs porte-paroles de Cellvizio ne viennent pas des hôpitaux de Paris ou de Marseille. Et pour cause, le microscope peine à s’imposer dans les blocs opératoires français comme l’a déploré cette semaine Anne Lauvergeon, ancienne patronne d’Areva et présidente du concours « Innovation 2030 » lancé lundi par le Président de la République, François Hollande (avant que soient faites les révélations sur son intervention de la prostate en 2011…). « Il est très important que des hôpitaux français puissent participer à des innovations françaises » a ainsi martelé Anne Lauvergeon en visitant les locaux de Mauna Kea, implanté au cœur du Xème arrondissement de Paris, dans ce que l’on appelle parfois la « silicon sentier » parce que commencent à s’y implanter de plus en plus d’entreprises œuvrant dans le champ des nouvelles technologies. « C’est toujours un peu suspect quand vous n’êtes pas reconnu chez vous » a enfin remarqué Anne Lauvergeon.

Une administration pas très high tech

Le concours Innovation 2030 est destiné à faire bouger les lignes et à favoriser le développement en France d’entreprises telle que Mauna Kea, qui confirme le savoir faire français en matière de technologies de haute précision. Mais les concours et les discours politiques ne suffiront pas. Une révolution administrative est également nécessaire comme l’a admis elle-même Anne Lauvergeon. « Il y a une différence de rythme entre le système américain où l’on met 13 mois à obtenir un agrément, tandis que dans le système français il n’y a pas de délais et c’est très long » a-t-elle souligné.

Aurélie Haroche

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