Le taux de survie à 5 ans en cas de cancer du sein (KS) dépassant actuellement 88 %, on se préoccupe davantage du retentissement de la maladie et du traitement sur la vie quotidienne des patientes. Des questionnaires ont ainsi été développés pour mesurer la qualité de vie (qdv), portant sur douleur, peur de la récidive, fatigue, perception de la féminité, sexualité, image corporelle, désir de grossesses, etc. La qdv est surtout altérée chez les femmes jeunes et dans le court terme après le traitement.
Les auteurs ont adressé à 300 femmes non ménopausées, âgées de 26 à 49 ans, traitées pour KS non métastatique de 2005 à 2009, ayant au moins 6 mois de recul par rapport à leur dernier traitement (sauf éventuelle hormonothérapie en cours) un questionnaire de 63 questions à 3 reprises.
Ce questionnaire était composé de 8 chapitres : relations familiales et sociales, aspect physique, retentissement sur la stabilité du couple, sexualité, travail et revenus, symptômes physiques (fatigue, douleurs, troubles de l’appétit, du sommeil, sécheresse vaginale, bouffées de chaleur), angoisse, acceptation du diagnostic et qdv, chaque chapitre étant subdivisé en une huitaine de questions.
Les réponses, de « pas du tout » à « beaucoup », ont été scorées de 1 à 5.
Il y en a eu 143 sur les 287 questionnaires effectivement reçus, dont la fiabilité avait été testée et confirmée. La tranche d’âge (7 % < 30 ans, 43 % de 31 à 40 ans, 50 % de 41 à 49 ans) n’a pas influé sur les résultats de l’enquête.
Les malades vivant en couple (83 %), ont déclaré une qdv significativement meilleure que les célibataires, veuves ou divorcées. Seules 11 % des femmes ont signalé une détérioration de leurs relations avec leur partenaire ; bien que 81 % des femmes aient été multipares, elles étaient 78 % à déclarer vouloir un autre enfant. Au moment de la dernière réponse au questionnaire, 8 malades (5,6 %) avaient vu survenir une récidive ou une métastase de leur KS, ce qui péjorait leur qdv et leur condition financière. Si la qdv, non plus que les autres réponses, n’a pas été modifiée chez les 127 femmes ayant reçu de la chimiothérapie, elle l’a été par la chirurgie, et notamment par la mastectomie même après reconstruction (aspect physique, et travail) ; une mastectomie controlatérale prophylactique, surtout immédiate, a retenti sur la sexualité. La radiothérapie, réservée le plus souvent aux interventions conservatrices, a quand même eu un impact sur l’aspect physique, et sur la sexualité.
Ces données suggèrent de bien peser le choix et le timing des décisions thérapeutiques.
Dr Jean-Fred Warlin
