
Paris, le lundi 27 janvier 2014 – Il y a un an, en s’appuyant sur la nouvelle édition du rapport BioInitiative, toujours inquiétant mais toujours biaisé, les députés écologistes déposaient une proposition de loi concernant les ondes électromagnétiques. Les mesures principales visaient à reconnaître la nécessité d’appliquer le « principe de précaution » en la matière, à imposer la réalisation d’une étude d’impact sanitaire lors de l’arrivée de nouvelles applications technologiques (disposition qui semblait viser notamment l’arrivée de la 4G) et à limiter l’utilisation du Wifi dans les crèches et les écoles. D’abord soutenu par les socialistes, le texte avait finalement été renvoyé sine die après une appréciation sans nuance du ministre de l’Economie numérique, Fleur Pellerin. Cette dernière avait en effet rappelé que la « dangerosité des ondes radioélectriques n’est pas scientifiquement étayée » et avait recommandé de ne « pas inscrire dans le dur, des choses qui correspondent à des peurs irrationnelles ». Enfin, concernant la suppression du Wifi dans les écoles, elle avait noté avec bon sens qu’une telle mesure reviendrait à « confirmer que le wifi est dangereux pour la santé ».
Sauver la 4G et les municipales !
Un an a passé et de nombreux paramètres ont forcé Fleur Pellerin à plus de nuance. D’abord le contexte industriel est quelque peu différent : le déploiement de la 4G en France est désormais assuré et ne peut plus être concerné par une éventuelle obligation d’étude sanitaire avant l’adoption de toute nouvelle application technologique. Le contexte politique est également essentiel : alors que les conflits ont été nombreux entre écologistes et socialistes ces derniers mois, à la veille des municipales, il n’était pas inutile qu’ils puissent apporter la preuve qu’ils sont capables de compromis dans certains domaines.
Principe de sobriété… pas de rationalité
C’est ainsi que l’Assemblée nationale a adopté jeudi une loi (qui doit encore être examinée par le Sénat) qui reconnaît tout d’abord un principe non pas de précaution mais de « sobriété » concernant les ondes électromagnétiques. Pas d’abaissement des seuils d’exposition en vue donc, mais une vigilance accrue concernant certains « points atypiques » où les niveaux dépassent la moyenne nationale. Ils seraient selon Fleur Pellerin citée par le Parisien environ un millier en France. Par ailleurs, la concertation sera renforcée avant l’installation de nouvelles antennes relais, tandis qu’une campagne concernant le « bon usage du téléphone portable » qui insistera notamment sur l’utilisation de kit main libre (notamment par les plus jeunes) est prévue. Un rapport sur l’électrohypersensibilité devra également être commandé par le gouvernement. Concernant l’exposition au Wifi dans les établissements scolaires, les « tractations » ont permis que seules les crèches soient concernées par l’interdiction d’installation de boîtiers Wifi et non les écoles maternelles ! Apparemment, la remarque de Fleur Pellerin concernant le fait que limiter le Wifi dans certains établissements enverrait le message implicite de sa dangerosité ne vaut pas pour les crèches ! On rappellera de toute manière que pendant l’examen de la loi sur la refondation de l’école un amendement du groupe écologiste visant à limiter le Wifi dans tous les établissements scolaires avait été adopté. Les critiques du groupe UMP ont été nombreuses contre ce texte, dont les présupposés scientifiques sont considérés par beaucoup comme insuffisants. On le sait, de nombreux spécialistes estiment également que ce type de mesures ne se justifie en rien. Mais la politique a ses raisons que la raison ignore.
Aurélie Haroche