
Il faudrait vivre sur une autre planète pour n’avoir jamais entendu parler des particules fines. Composés solides en suspension, elles sont reconnues comme ayant un impact négatif non négligeable sur la santé. Deux sortes de particules sont sous surveillance plus que toutes les autres : les PM10 (diamètre inférieur à 10 μm) et les PM2,5 (diamètre inférieur à 2,5μm). Fines, très fines ou ultrafines, ces particules peuvent pénétrer dans les bronches, les alvéoles pulmonaires, voire pour les plus fines franchir la barrière alvéolo-capillaire.
Fixée par la directive européenne de 2008 sur l’air, la limite moyenne annuelle recommandée pour la concentration en particules fines PM2,5 est de 25 μg/m3 d’air ambiant, supérieure à celle fixée aux Etats-Unis qui est de 12 μg/m3 et à celle recommandée par l’OMS qui est de 10 μg/m3.Elle est de 40 μg/m3 pour les PM10.
L’étude ESCAPE (European Study of Cohorts for Air Pollution Effects) montre cependant qu’une augmentation, même modeste de la concentration en particules fines, n’est pas sans conséquence sur la santé. Le British Medical Journal publie les résultats de cette étude, menée dans 5 pays européens (Finlande, Suède, Danemark, Allemagne et Italie) et incluant plus de 100 milles personnes au total. En se basant sur des mesures réalisées pendant plus de 11 ans, les auteurs ont notamment rapproché la concentration des particules fines dans l’environnement des participants à l’étude et l’incidence des accidents coronaires.
Au total 5 157 participants ont présenté un accident coronaire
au cours du suivi.
A chaque augmentation de 10 % de la concentration moyenne annuelle
de PM10 correspond une augmentation de 12 % du risque
d’accident coronaire (Hazard Ratio [HR] 1,12 ; intervalle de
confiance à 95 % [IC] 1,01 à 1,25), alors que chaque augmentation
de 5 μg/m3 de la concentration en particules fines
PM2,5, s’accompagne d’une augmentation de 13 % du risque
d’accident coronaire (HR 1,13 ; IC 0,98 à 1,30).
Sachant que ces limites sont très régulièrement dépassées dans certaines zones urbaines, un autre constat paraît encore plus préoccupant : l’étude confirme en effet que l’association entre la concentration en particules fines et les accidents coronaires est présente même en dessous des seuils fixés par la directive européenne.
Dr Roseline Péluchon