
Rome, le samedi 8 février 2014 – La performance des équipes de l’Ecole supérieure Sant’Anna de Pise (SSSA) en robotique n’est plus à démontrer. Depuis 2002, cet établissement coordonne, entre autres, le projet européen Life Hand. Ce dernier vise à la mise au point d’une nouvelle génération de prothèse de main plus intelligente. En 2009, une première version est née des laboratoires italien, suisse et allemand : une prothèse contrôlée par la pensée. L’essai réalisé grâce à Pierpaolo Petruziello, ayant perdu sa main dans un accident de voiture, avait permis de démontrer que l’implantation de quatre électrodes stimulant les nerfs médian et ulnaire offrait la possibilité de commander un robot composé de quatre doigts articulés et de réaliser grâce à lui des gestes complexes.
Un projet captivant
Désormais, ces chercheurs européens se concentrent sur le développement de LifeHand2. Cette prothèse doit non seulement permettre à son porteur une large amplitude de gestes mais également lui offrir de véritables sensations tactiles. Une première main bionique de ce type a été testée avec succès chez un patient danois de 36 ans, Dennis Aabo Sorensen qui a perdu son bras gauche il y a neuf ans après avoir manipulé des feux d’artifice. Conduite à l’hôpital Gemelli de Rome, l’expérience est relatée dans la revue Science Translational Medicine. Schématiquement, les cinq doigts de LifeHand2 sont munis de capteurs, capables de transformer en impulsions électriques les informations nées de la tension des tendons artificiels. Ainsi, ces signaux diffèrent en fonction de la forme et de la texture de l’objet. L’information est ensuite « envoyée » aux nerfs par le biais des quatre électrodes.
Des sensations retrouvées
Ce chemin nerveux artificiel s’est révélé efficace à l’occasion
de tests réalisés par Dennis Aabo Sorensen, qui pour l’exercice
avait les yeux bandés et les oreilles bouchées. Après avoir
apprivoisé la prothèse pendant une semaine, il a été capable de
faire la différence entre trois formes (une bouteille, une balle de
baseball et une orange) avec un taux de 88 % de réussite. Il a
également pu discerner la solidité de différents objets (en bois,
plastique et coton) dans 78,7 % des cas. « C’est la première
fois que nous parvenons à rétablir une perception sensorielle en
temps réel avec une prothèse » s’est félicité le coordinateur
du projet Silvestro Micera, tandis que Dennis Aabo Sorensen
s’enthousiasmait : « J’ai pu ressentir des sensations que je
n’avais plus eues depuis neuf ans ». Conformément aux
directives européennes sur la réalisation des essais cliniques de
ce type, les électrodes ont été retirées au bout d’un mois.
D’autres essais cliniques doivent désormais être lancés, avant
d’envisager la commercialisation d’un tel dispositif, dont le prix
pour l’heure est difficile à déterminer selon les chercheurs qui
travaillent à son élaboration.
Aurélie Haroche