Ni papa, ni maman

Paris, le samedi 15 février 2014 – Femmes multipliant les fécondations in vitro (FIV) pour réaliser leur rêve de devenir mère, homosexuels militant pour obtenir le droit d’adopter (ou d’avoir accès à la procréation médicalement assistée), couples comptant les jours avant la naissance de leur progéniture : une petite partie des Français observent ce remue-ménage avec une certaine distance. Pour eux, la question ne se pose pas : ils ne veulent pas d’enfants. Selon l’enquête Fécondité, contraception et dysfonctions sexuelles (Fecond) réalisé auprès de 8 648 personnes en 2010, ils sont 5 % en France à déclarer ne pas vouloir devenir parent.

Un choix de vie plus souvent souhaité (avoué ?) par les hommes

Ce phénomène qui reste « très minoritaire » et qui ne connait pas de progression fait l’objet d’une analyse par deux démographes de l’Institut national d’étude démographique (INED) qui font état de leurs analyses dans un article publié en février dans la revue Population & Sociétés. Il apparaît ainsi que 6,3 % des hommes et 4,3 % des femmes assurent ne pas vouloir d’enfants. Une différence entre les sexes que les auteurs expliquent par le fait qu’il reste « moins stigmatisant pour les hommes » d’assumer un tel choix. Le fait d’être en couple, bien sûr « diminue l’infécondité volontaire déclarée » : ainsi seuls 3 % des femmes en couple et 5 % des hommes disent qu’ils n’envisagent pas de se « reproduire ». Cependant, on constate que parmi les personnes qui n’imaginent pas devenir parents, la moitié est en couple.

Une décision qui fait mauvais genre

Parmi les autres facteurs « favorisant » le « refus » d’être parent, la position sociale a une influence très différente selon les sexes en ce qui concerne les sujets célibataires. Ainsi, chez les femmes, ce sont les plus diplômées qui expriment le plus fréquemment le désir de ne pas devenir mère, tandis qu’a contrario chez les hommes, ceux dont le niveau d’éducation est le plus faible qui manifestent plus facilement ce choix de vie. « Les souhaits d’infécondité volontaire sont plus fréquents chez les personnes qui, de par leur position sociale, sont les plus éloignées de l’idéal du « bon parent » véhiculé par la société actuelle » estiment les deux auteurs.

Oh, la belle vie !

Les questionnaires de l’enquête Fecond ainsi que des entretiens menés avec 51 personnes en couples ou non affirmant préférer ne pas avoir d’enfant ont permis aux auteurs de mieux déterminer les raisons invoquées par ces dernières. Il apparaît que les raisons financières ou de santé sont rarement mises en avant. A contrario, chez les personnes célibataires, le fait de ne pas avoir de conjoint est très souvent cité (par deux tiers des personnes interrogées). L’âge est également signalé par les sujets de plus de quarante ans. Mais d’une manière générale, ne pas vouloir d’enfant est un choix de vie qui tient de l’épanouissement personnel. Ainsi, 83 % des hommes et 79 % des femmes qui ne souhaitent pas avoir d’enfant déclarent se « sentir bien » sans progéniture.

L’enquête cependant pêche par quelques lacunes. Il n’est notamment pas précisé si l’orientation sexuelle a une influence sur le fait de vouloir ou non être un jour parent.

Aurélie Haroche

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