Chuck et la stupéfiante chocolaterie

Ottawa, le samedi 22 février 2014 – Il y a bien longtemps que le Canada ne se pose plus la question de la consommation de cannabis à des fins médicales : il l’a autorisée en 1999. Cette décision a cependant soulevé quelques problèmes techniques : comment assurer la production de cette majijuana à usage thérapeutique. Le Canada a d’abord opté pour une production étatique à laquelle il a rapidement renoncé. Il a finalement accepté que les patients disposant d’une ordonnance (ils seraient 37 000 aujourd’hui) cultivent eux-mêmes leur cannabis en fonction de leur besoin. Mais cette solution a également rapidement montré ses inconvénients : les autorités policières ont eut tôt fait d’éprouver des difficultés à contrôler l’ensemble de ces producteurs individuels et les dérives n’ont pas tardé à être dénoncées. Aussi, le 1er avril entrera en vigueur une nouvelle réglementation qui interdit aux patients de cultiver eux-mêmes leur majijuana et qui vise à l’agrément de structures à grande échelle. Pour l’heure, six « serres » ont reçu l’approbation de l’Etat.

Un avenir loin d’être pénalisant ?

Parmi elles, la société Tweed Inc. fondée par Chuck Rifici (et non rififi). Installée dans les locaux d’une ancienne chocolaterie, la serre est prête à fonctionner. Une rangée de lampes d’une puissance totale de 40 000 watts a été installée pour favoriser la croissance des plants de cannabis. Une fois ces derniers coupés et séchés, ils seront conservés dans des coffres forts avant d’être expédiés par colis sécurisés. Les bénéfices pourraient être élevés. Tweed Inc. mise sur une production initiale de 50 à 100 kilos par mois, qui seront vendus entre 4 et 12 dollars le gramme (soit entre 3 et 8 euros). Grâce à une demande déjà forte et certaine que le nombre de « patients » pourraient atteindre pour l’ensemble du Canada jusqu’à 450 000 dans les dix ans, Tweed Inc. espère ensuite pouvoir atteindre rapidement son quota maximum de 15 tonnes de cannabis produits par an ! Surtout, bientôt cotée en bourse, Tweed Inc. ne cache pas qu’elle pourrait largement profiter d’une dépénalisation totale du cannabis (qui a ses partisans au Canada comme en France) ou d’une exportation de ses « produits ». En attendant, l’accent est mis sur la sécurité : le personnel est équipé de badges magnétiques qu’ils doivent utiliser à l’entrée dans chaque salle et des vidéos de surveillance équipent chaque zone de l’installation… qui est située, qui plus est, en face d’un commissariat !

Léa Crébat

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