
Parmi la population de transplantés d’organes solides, la tuberculose (TB) a une incidence 70 fois plus élevée que dans la population générale. Lorsqu’elle survient, elle complique la greffe par dysfonctionnement du greffon, et par les interactions complexes entre les traitements antituberculeux (ATB) et les autres thérapeutiques notamment immunosuppressives.
La plupart des cas de TB sont des réactivations, mais la transmission via le greffon, rarissime, a été décrite chez des tranplantés rénaux et pulmonaires. Une équipe allemande rapporte le 1er cas survenant via une transplantation cardiaque. Le receveur, un homme de 62 ans souffrant de cardiomyopathie dilatée, a reçu en aout 2011 le cœur d’un homme de 31 ans, alcoolique chronique et cirrhotique, hospitalisé pour pneumopathie et état septique, et décédé d’une hémorragie cérébrale. Le lendemain de la transplantation, l’équipe était avertie que le lavage broncho-alvéolaire effectué chez le donneur avant son décès poussait à Mycobacterium tuberculosis (une coloration de Ziehl et une PCR étant initialement négatives). Aussitôt était entrepris chez le receveur une prophylaxie ATB par monothérapie et des prélèvements respiratoires ainsi que des hémocultures, ces dernières s’avérant positives pour M.tuberculosis au bout de 3 semaines. Le patient a alors reçu une trithérapie ATB et n’a pas présenté de signe clinique à en mettre en relation avec cette TB, jusqu’à son décès imprévisible par hémorragie cérébrale en novembre 2011.
La comparaison moléculaire des souches de M.tuberculosis chez donneur et receveur a permis de confirmer la transmission. Les 2 reins du donneur ont été tranplantés chez 2 patients, l’un rapidement décédé, l’autre n’ayant pas développé de TB après 9 mois de prophylaxie en monothérapie.
La Fondation Eurotransplant, qui œuvre pour une utilisation optimale des organes disponibles au sein de 7 pays, a rappelé en mars 2012 la nécessité de lui transmettre immédiatement toute information concernant une maladie transmissible du donneur.
Dr Muriel Macé