L’allaitement maternel favorise-il le développement cognitif ? Une nouvelle pièce au dossier

Les liens entre allaitement maternel et développement de l’intelligence sont débattus depuis longtemps. De nombreux facteurs jouent un rôle considérable dans le développement cognitif. L’intrication de ceux-ci rend difficile d’isoler le rôle de l’allaitement maternel exclusif pour obtenir un niveau de preuve suffisant. Beaucoup d’études souffrent d’insuffisances méthodologiques.

Des chercheurs américains ont recensé et tenu compte d’une grande part de ces facteurs en utilisant une cohorte d’enfants issue d’une étude longitudinale, intitulée Early Childhood Longitudinal Study, Birth Cohort. Les données ont été collectées à l’âge de 9 mois, à 2 ans puis à 4 ans et 5 ans. La cohorte initiale comprenait plus de 10 500 sujets, et l’évaluation à 4 ans, 7 500 enfants. Les facultés cognitives « mathématiques » ont été jugées sur les capacités à reconnaître quantité et taille relative, assortiments, compte, reconnaissance et ordre des nombres, et pour la lecture, sur les connaissances phonologiques, la reconnaissance de lettres et de mots. Ces tests réalisés en 35 minutes ont donné lieu à une cotation chiffrée. L’allaitement maternel, évalué à 9 mois, a été classé en prédominant ou non et selon sa durée. L’éducation maternelle a été cotée en 9 degrés. La stimulation cognitive a été évaluée à 9 mois et 2 ans par la fréquence des lectures faites à l’enfant et l’apprentissage cognitif à partir d’enregistrements vidéo qui permettaient de juger de la qualité de l’apprentissage du langage et de la perception et de la capacité à répondre aux demandes de l’enfant. Ces épreuves déjà utilisées ont également été cotées de façon standardisée. Enfin, les autres facteurs de confusion pris en compte dans l’étude étaient l’origine ethnique, le sexe, le poids de naissance, la durée de la gestation, la gémellarité, le niveau socioéconomique, la fréquentation d’une crèche, le tabagisme, l’IMC maternel, la dépression (échelle).

Au total, 16 % des mères ont allaité 6 mois ou plus et 12 % de 3 à 5 mois ; 21 % ont introduit des aliments solides avant 4 mois, et 30 % couchait l’enfant avec un biberon. Le niveau d’éducation moyen était le collège. Globalement, les enfants allaités 3 mois ou plus (28 %) avaient des scores cognitifs supérieurs aux autres.

Cependant, les scores moyens d’apprentissage maternel et de niveau d’éducation étaient aussi plus élevés pour les mères allaitant plus de 3 mois. Etaient également associés à un allaitement de 6 mois et plus : un niveau socioéconomique plus élevé, une mère plus âgée, un poids de naissance normal.

Aussi, l’effet positif de l’allaitement maternel est le résultat de conduites éducatives stimulantes et de niveaux d’éducation plus élevés chez les femmes qui allaitent. Chez les mères de niveau d’éducation plus bas, la relation entre niveau cognitif et allaitement était faible ou nulle, alors que lecture à l’enfant et stimulation étaient prédicateurs de meilleures performances.

En conclusion, si l’allaitement maternel a d’autres bénéfices importants, son rôle dans le futur développement scolaire de l’enfant  n’est pas démontré.

JJ Baudon

Références
Gibbs BG et coll.: Breastfeeding, parenting, and early cognitive development. J Pediatr 2014 ; 164 : 487-93.

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