Opinions alternantes sur l’utilité de la circulation alternée

Paris, le lundi 17 mars 2014 – Toutes les professions médicales et paramédicales peuvent aujourd’hui circuler quel que soit le dernier numéro figurant sur leur plaque minéralogique, en dépit de la mise en œuvre d’une mesure de circulation alternée dans Paris et 22 villes de la petite couronne. Cette décision a été prise en raison des niveaux de pollution important relevés la semaine dernière dans plusieurs cités de France et notamment dans le bassin parisien.

La France trop souvent dans le gris

Rappelons que le seuil d’alerte est déclenché lorsque la concentration de particule fines PM10 dépasse 50 microgrammes par mètre cube sur vingt-quatre heures. Une procédure d’information et de recommandation s’engage alors, tandis qu’un niveau d’alerte est atteint lorsque la concentration atteint 80 μg/m3. D’autres polluants sont également mesurés : le dioxyde d’azote, le monoxyde de carbone, l’ozone et les PM2,5. Soulignons que la France fait partie en Europe des mauvais élèves : l’agence de mesure de la qualité de l’air en Ile de France a par exemple fait état l’année dernière de 33 jours de dépassement des seuils réglementaires pour les PM10, quand Bruxelles impose de ne pas dépasser les 50 μg/m3 plus de 35 jours par an.

Une mesure pédagogique

La circulation alternée fait partie de l’arsenal de mesures pouvant être mises en place pour faire diminuer la pollution atmosphérique, mais elle a été très rarement employée. Sa dernière utilisation remonte à 1997. Elle a été décidée pour aujourd’hui par le gouvernement  pressé d’agir et alors que les autres mesures habituelles face à ce type de situation avaient déjà été appliquées : recommandations aux personnes fragiles et diminution de la vitesse autorisée.

Est-ce une mesure efficace ? Le professeur Dautzenberg, cité par le Figaro, affirme que cela « n’a aucun effet médicalement » et qu’il s’agit d’une disposition gadget. D’autres en sont moins certains et rappellent qu’en 1997, la mesure avait permis de diminuer de 20 % les émissions de dioxyde d’azote (on était alors moins concentré sur les mesures de PM10 et PM2,5 qui seraient pourtant les plus nocives). Par ailleurs, les responsables politiques soulignent que c’est également un moyen de faire prendre conscience de la nécessité de changer nos comportements.

Voitures : coupables à quel point ?

Cependant, même s’il s’agit du secteur sur lequel il apparaît (à court terme) le plus facile d’agir, la circulation automobile est-elle la première cause de pollution atmosphérique ? Selon l’Ademe, en France, 14 % des particules proviennent des transports, 34 % du chauffage domestique, 31 % de l’industrie et 21% de l’agriculture. On sait par ailleurs que certains ont signalé que la France pourrait être actuellement la victime de la réactivation des usines à charbon en Allemagne. Cependant, en Ile de France, la situation serait quelque peu différente puisque certains affirment que jusqu’à 70 % de la pollution atmosphérique serait liée aux émissions diesel. Avec de telle proportion, l’efficacité de la circulation alternée pourrait être davantage marquée, mais au-delà de ces interventions ponctuelles, il apparaît essentiel de trouver des solutions de fond, alors qu’en France le diesel a jusqu’alors toujours été encouragé.

La pollution est-elle vraiment dangereuse pour la santé ?

Reste enfin à savoir quel est l’impact exact de la pollution sur la santé. On sait qu’à cet égard les chiffres les plus souvent avancés sont contradictoires. Certains spécialistes, tel le professeur Dautzenberg note que la situation en France est bien éloignée de celle de pays tels que la Chine et remarque encore qu’en Ile de France la pollution est en diminution. Néanmoins, pour les personnes fragiles, la situation de ces derniers jours pourrait avoir été réellement dommageable. Marisol Touraine a affirmé ce matin que l’on a assisté depuis vendredi à une hausse des consultations dans les services d'urgence concernant notamment des jeunes asthmatiques de moins de cinq ans. Nuage à suivre.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (1)

  • Pour l'implantation de trolleybus électriques

    Le 17 mars 2014

    Heureusement que la HAS a émis ce matin un avis urgent nous informant au dernier moment que les P.S. pouvaient circuler quelle que soit leur immatriculation...
    Le choix de cette mesure n'est pas pertinent, hormis l'attrait supposé (voire espéré) en période d'élections !
    En revanche, il serait plus cohérent au plan de la santé publique sur le long terme, de remplacer tous ces autobus puants, bruyants et sales, par l'implantation de trolleybus électriques qui ne présentent quant à eux aucun de ces inconvénients.
    Ils auraient aussi l'avantage de diminuer fortement les importations de pétrole, les autobus actuels fonctionnant tous au diésel, et ils ont comme autre avantage un structure bien plus et moins coûteuse que le tram.
    En clair, cette mesure abrupte que nous avons subie ce matin n'a aucun intérêt, sauf à pourrir la vie de nos concitoyens.

    Christian Lacomère

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